Rencontre avec Moyoshi, jeune artiste qui commence à faire sa place dans le grand Paris. Jeune par l’âge, mais déjà très expérimenté par les différentes techniques explorées, l’artiste nous livre son retour d’expérience sur ses premières créations et sa démarche artistique.
Bonjour Moyoshi, peux-tu te présenter, d’où vient ton pseudonyme ?
Originaire de Normandie, j’ai débuté avec le pseudo Moyoshi dans le milieu musical. Puis en 2001, je me suis mis au vandal avec différents pseudos et suite à des difficultés avec les forces de l’ordre, j’ai commencé à créer à la maison vers 2004. Moyoshi est tiré de la culture japonaise, c’est la contraction de Moyo (mon surnom, un dérivé du Mojo) et de Yoshi (perso dans Mariokart).
Comment définirais-tu ton style et ton univers ?
Mon style est organique et spontané. J’utilise beaucoup la courbe et la dynamique. Il se présente en 3 étapes :
1 – La FORME qui est simple et accessible à tous. Aucun talent, ni aucune technique pour la réaliser.
2 – L’ENSEMBLE qui est dynamique et organique. Aucun sketch, ni aucune limite, il se déploie selon les supports et le matériel.
3 – L’INTENTION qui est imprévisible selon l’environnement extérieur, l’envie et le temps.
Mon univers oscille entre l’abstrait, le monde végétal et animal. Qu’il soit noir et blanc ou bien coloré, tout est mouvement.
Quelles sont tes sources d’inspirations ? Artistiques et personnelles ?
Mes sources d’inspiration sont rythmées par ce qui nous entourent, l’urbanisme, les relations humaines, la nature et l’art en général. A titre perso, je fais beaucoup de veilles (recherches) que ce soit dans la musique, le graphisme, la vidéo, le web ou la technologie. Une bonne source d’inspiration et de motivation reste beaucoup la rue et les terrains.
Quelles sont tes inspirations et tes coups de cœur ?
Mes inspirations les plus fortes sont la musique, l’illustration, le graffiti, le monde de la vidéo et l’art brut. Comme coups de cœur, il y a Dubuffet, Pollock, Studio 1024, Azyl, L7M, Daim, Marynn, Miyazaki, Tassot… Et tous ceux qui tentent l’expérience de la création sous toutes ces formes.
As-tu des quartiers privilégiés qui t’inspirent dans Paris ?
Oui! Les quartiers où j’ai vécu et travaillé, mais aussi les quartiers où l’art urbain, la culture et les commerces de proximité sont présents. Un petit plus pour le Parc des Cormailles à Ivry.
Tu as déjà exploré la craie, le graff et différents supports, quels sont tes surfaces préférées et comment les choisis-tu ?
Mes surfaces préférées sont les murs et le papier. Le papier a pour avantages, le côté transportable et facile. C’est un travail sur la finesse et la patience. A l’inverse, les murs et trottoirs, qui eux sont éphémères, m’obligent à m’adapter à leurs formats et imperfections. Je choisis l’un ou l’autre en fonction de mon envie et de la météo.
Tes inspirations sont-elles différentes en fonctions de ces supports ?
Oui! Pour les murs et trottoirs, je travaille de façon plus « grossière » car je dois être plus rapide que chez moi. Ce qui m’inspire sur ces supports, c’est l’aspect brut et froid. Lorsque je travaille à la craie ou à la bombe, je symbolise le retour de la nature sur l’espace urbain. La nature reperdait ses droits comme ces plantes que l’on aperçoit sur des trottoirs ou entre les pavés. En ce qui concerne les toiles et le papier, j’aspire à plus de liberté. J’aborde plus l’abstrait et la spontanéité. Je peux faire varier mes choix et mes rendus. Dans tout les cas, tous ces supports me plaisent et m’inspirent.
Comment choisis-tu ce que tu vas créer comme œuvre ?
C’est à 90% du freestyle. Soit j’ai l’intention et l’image approximative en tête, soit je me lâche et le sens se construit.
As-tu un processus créatif spécifique ?
Etant autodidacte, j’ai trouvé des processus créatifs simples, même des fois hasardeux. Avec le temps et la pratique, on apprend et on comprend. Je travaille sur la superposition des couches pour apporter plusieurs regards sur une œuvre. Je pars de la forme et privilégie toujours la dynamique. A savoir, je ne prends jamais de sketch, à part pour une commande ou une collaboration. Mon meilleur processus reste une bonne musique, du temps devant moi et de l’inspiration.
Quelles sont tes créations favorites ?
Mes créations favorites sont dans la rue car elles sont accessibles et visibles de tous, sans parler du format. On a souvent un retour direct et sincère sur ce que l’on fait. J’affectionne beaucoup, certaines créations papier et sur toile car elles sont figées et peuvent se déplacer. J’ajoute aussi les customisations de guitare car c’est mon première instrument.
Qu’est ce qui t’a décidé à te produire dans la rue ?
L’effervescence de la rue. Après mes vandals, je ne voulais plus pratiquer la rue, à part les stickers. Puis avec le temps et les rencontres, j’ai compris que j’étais vraiment un mordu de la rue. Cela aura mis 8 ans environ avant de reprendre les outils, à savoir que je m’investissais plus dans le milieu musical. De plus, la craie m’a apporté un point de vue intéressant du vandal et de l’éphémère et d’un point de vue juridique, c’est plutôt cool.
As-tu des projets en cours ou pour l’année prochaine ?
Mon projet en cours est de travailler encore et encore, la pratique m’ouvre de nouvelles portes. Après deux années à créer et à travailler mon style, je reprends pour 2015, le chemin des expositions. J’en ai deux prévues avec date et apparemment une troisième avec vous (chut). Il y aura des collaborations avec des artistes, des créateurs de projet et de la customisation d’intérieur.
Merci encore à Moyoshi pour cet échange, en attendant de le croiser physiquement, vous pouvez le suivre sur son compte Facebook et voir ses derniers travaux sur son site.