Kegrea : Un récit nostalgique qui donne à réfléchir sur l’art urbain

Suite à l’exposition au B-612 à Bordeaux, nous nous sommes concentrés sur certains artistes qui ont exposé leurs œuvres dans ce lieu d’architecte. Et aujourd’hui, c’est une rencontre avec l’artiste Kegrea que nous vous proposons. Un chouette chapitre à lire, avec des illustrations au top du top.
Au fait !! Si vous prenez le TGV Paris-Bordeaux qui passe par Angoulême, vous y verrez une grande fresque avec écrit « la débauche », et bien c’est lui ! c’est Kegrea !!

Kegrea, peux-tu te présenter à nos lecteurs ? Tu viens d’où ? Ton parcours ?

Je suis artiste peintre, je vis et travaille à Angoulême.
J’ai commencé à peindre en extérieur il y a une dizaine d’années en faisant du graffiti mais j’ai toujours dessiné et peins en parallèle ; Je suis passionné par les arts visuels depuis gamin. Je fais des toiles et des murs principalement, mais j’aime bien aussi peindre sur des voitures et des trains, je fais du tattoo et des dioramas, un peu de photo et j’édite des livres, et parfois je dors un peu.

Tu utilises quoi comme matériel principalement ? Et pourquoi ?

Sur toile je peins à l’huile, principalement pour la richesse de cette technique tant au niveau des couleurs que de la matière. Sur mur je peins à l’acrylique, cela me permet de me rapprocher au plus près du rendu que j’ai avec la peinture d’atelier.

Tu as écrit un livre ? Un Artbook, tu nous en parle ?

En 2015 j’ai effectivement sorti un Art book compilant les travaux réalisé sur 2 ans, ça m’a permis de m’essayer à l’édition et l’écriture. Depuis j’ai sorti deux autres livres, l’un sur la biographie de mon grand-père et le dernier sur le graffiti et les trains de marchandises. J’aime beaucoup sortir des livres, je trouve ça très important de pouvoir créer un objet de transmission. Quelque chose qui se range dans une bibliothèque et non un disque dur. J’ai du mal avec la dématérialisation de tout ce qu’on consomme culturellement.
Je crois que ça correspond au fait de laisser une trace, un souvenir. Chose qui revient un peu tout le temps dans mon travail. Actuellement je travaille sur 3 nouveaux ouvrages qui traitent de sujets différents mais connexe à mon univers…

Tu peux nous expliquer ton blaze ?
Oui c’est possible !
(Finalement on a décidé de laisser le mystère) ahah

Tu vois comment l’art urbain de nos jours ?

Comme quelque choses qui s’est énormément développé et popularisé mais comme tout mouvement qui grandit, les écarts dans la pertinence et le niveau se creuse. Ça donne une production de l’art urbain plutôt très hétérogène. Un grand tiroir ou l’on range tout et n’importe quoi à partir du moment que ça se passe dehors. Je n’y fais plus vraiment attention en fait.


Des projets futurs à Bordeaux ou par ici ?

J’expose des petits formats à la Galerie des Remparts en avril, ainsi que des toiles et maquettes au OFF de PROMEN’ART sur l’ile de Ré de mars à septembre.

Ça représente quoi pour toi cette forme d’art ?

Une grande liberté et de multiples possibilités à exploiter. Je peins beaucoup sur l’idée du travail de mémoire, de fixer dans le temps une image, une scène, un moment de vie.
Quand j’investi des lieux abandonnés comme des maisons, manoir etc. Je fais en sorte de peindre quelque chose en lien avec l’endroit Je tente de retrouver des photos des personnes ayant habité le lieu et j’aime les peindre sur les murs. De leur rendre cet hommage posthume. Je photographie les objets de la maison pour les peindre ensuite sur place.
Mon but est de laisser un témoignage pictural de cette vie passée.

Une anecdote à nous faire partager ?

Quand je suis allé peindre le portrait de Jean Claude, le héros de l’émission mythique la Soucoupe et le Perroquet de Strip tease, sur sa propre maison, là où il y avait sa soucoupe. La maison était vide et laissée à l’abandon, il ne restait que dans sa chambre un planisphère avec des punaises a divers endroits du monde et un cadre de la vierge marie.
Elle est dans mon atelier maintenant. ( ah ah ah ) c’est pour ça que je suis « paranormalement ».

Le planisphère !!!

Tes oeuvres reflètent de la poésie, comment tu choisis tes couleurs, tes thèmes ? On dirait qu’il y a toujours un brouillard sur tes oeuvres, beaucoup de blanc et noir… En fait c’est plus du dessin ? Ton style est assez spécial c’est vraiment beau.

Je pense que c’est vraiment de la peinture, j’ai souvent des teintes pastels parce que la plus part des photos que j’utilise pour travailler sont des argentiques prise entre1920 et 1980, j’adore les images d’archives, j’adore l’argentique et la puissance que ça renvoie. Actuellement je travaille beaucoup plus à partir de mes propres clichés pour faire évoluer mon travail.
Je pense que beaucoup de choses découlent de ça dans ma manière de peindre. Mes thèmes sont en général liés à l’histoire, un moment étrange et mélancolique, un moment de vie. Des scènes qui nous ramene à la mort et au temps qui passe. Les outrages du temps.

Tu écris des mots, des phrases courtes assez tristes, particulières sur tes œuvres, tu peux nous en parler ?

Je crois que c’est pour encore plus préciser le propos….J’ai beaucoup de chose à dire, à raconter et des fois le fait de mettre une phrase, un mot, donne un peu plus de clefs de compréhension ou permet de jouer avec des contrastes entre l’image et le sens du mot. Triste ? Mais non c’est hyper joyeux !!

Pour retrouver le travail de Kegrea sur les réseaux sociaux c’est par ici

https://www.facebook.com/kegrea.painting?ref=br_rs
https://www.instagram.com/kegrea/
https://www.kegrea.com/