A contre-courant, le « crew » Birdy Kids fait briller son art là où les autres ne sont pas. Cette équipe d’artistes se démarque par son style soigné et travaillé. Rencontre avec un collectif de street art qui sillonne de nouveaux sentiers urbains.
Il faut lever un peu les yeux pour se rendre compte que Birdy Kids a semé ses plumes un peu partout. A l’angle d’une rue, au dessus d’une porte, sur un volet métallique ou encore un lampadaire, les membres de Birdy Kids « collent » leurs oiseaux multicolores loin des quartiers envahis par l’art de rue. Le crew vise plus loin, où la plupart des artistes n’osent pas aller, les beaux quartiers. Dernièrement, l’équipe s’est attaquée à Paris. Après plusieurs nuits de collages intenses, rythmées par des rencontres nocturnes avec la Police et leurs confrères artistes, les parisiens du Marais ont eu droit à un matraquage visuel d’oiseaux de 3×3 M.
Birdy Kids
A l’origine :
Derrière ces oiseaux enfantins se cachent trois amis aux âges et aux influences différents. C’est le fruit d’un travail né d’un graffeur, d’un graphiste et d’un sérigraphe. Il y a cinq ans, les trois hommes se sont associés pour mutualiser leurs savoir-faire. AEM, graffeur de prédilection du collectif, se réserve un terrain de jeu particulier, l’autoroute. Il est à l’origine de la création des oiseaux. Assez discret dans le reste des activités du crew, c’est le benjamin de l’équipe. Guillaume, qui porte Birdy Kids sur le devant la scène, visionnaire et ambitieux, c’est à lui que l’on doit la création de T-Shirt à leur effigie et Gautier graphiste, homme de l’ombre mais néanmoins pièce maîtresse de la mise en lumière du crew.
- Birdy Kids
Le collectif a voulu penser autrement son travail. Ces artistes déraisonnables ont cherché les moyens d’unir leur art à l’environnement citadin. Et c’est de cet attrait qu’est née l’idée de se tourner vers les collages, en centre-ville, en pleine nuit, et surtout jamais avant minuit. Avec leur côté snob, les Birdy Kids bouleversent les codes du street art. Loin des quartiers assaillis de tags et graffitis, ils revendiquent un art propre qui entre en adéquation avec la sobriété d’un arrondissement comme le deuxième à Lyon ou le quartier Saint Paul à Paris. Le crew ne choisit pas ses spots par hasard. Ils s’interdisent les murs en pierre apparente et les façades des commerces, par respect, mais aussi pour s’assurer une visibilité plus large. Ils le savent, la durée de vie de leurs collages est limitée. Les services de nettoyage des grandes villes européennes peuvent intervenir quelques heures après la pose des affiches.
Birdy Kids
L’engouement autour de ces petits oiseaux a permis à Birdy Kids d’être exposé en septembre dernier dans la cour de l’Hôtel de Ville de Lyon. Une situation néanmoins paradoxale puisque que quelques mois plus tôt, l’un des membres du crew a été condamné par la Ville de Lyon à 140 heures de travaux d’intérêts généraux.