Au mois de juin, Le Petit Joseph Dijon, ce nouveau bar du 18ème arrondissement, donne carte blanche à SIXO. La seule contrainte : proposer une œuvre de 2 mètres sur 2 mètres. En attendant de découvrir ce « 2X2 », découvrons cet artiste avec des SI.
Pourquoi t’appelles-tu « Sixo » ?
Sixo : Quand j’ai commencé à peindre sur les murs, il a fallu me trouver un pseudonyme. Pour faire du graff, généralement c’est des mots en 4/5 lettres, rarement plus, pour pouvoir tagguer vite. Un jour, j’étais dans un bus avec un copain, on cherchait des pseudonymes et il a sorti celui-là : SIXO. Cela m’a tout de suite parlé, comme si c’était le pseudo qui m’avait choisi. Et cela fait 12 ans que j’utilise ce pseudo.
« Si » on devait te mettre dans une case, tu serais : un street artiste, un dessinateur, un pochoiriste, un illustrateur, un graffeur ?
Sixo : Un illustrateur. Parce que ça résume bien comment je me vois. Mon but, c’est d’illustrer des idées.
« Si » tu devais jusqu’à la fin de tes jours utiliser toujours le même support et toujours la même technique, que choisirais-tu ?
Sixo : L’encre de chine.
Pourquoi es-tu « si » noir et blanc ?
Sixo : Parce qu’avant j’étais trop couleur. A un moment, je me suis écœuré tout seul de la couleur. J’en mettais partout, sans chercher forcément de cohérence. Je peignais souvent avec des restes de bombes de couleurs que j’avais. Les bombes coûtent chères et je remplissais avec tout ce que j’avais. Ca donnait des trucs arc-en-ciel. Un jour, il me restait plus qu’une seule bombe de rouge et je suis allé peindre sur un mur. J’ai trouvé ça bien et j’ai recommencé en noir. Finalement, je suis resté au noir et blanc.
En septembre 2012, ta BD réalisée en collaboration avec Joseph Safieddine est sortie aux éditions Steinkis. « Si » tu devais me résumer « Les lumières de Tyr » que dirais-tu ?
Sixo : C’est l’histoire de deux frères qui vivent au Liban dans les années 80, après la guerre civile qui a laissé beaucoup de traces, beaucoup de tensions. C’est un pays meurtri.
Les enfants le vivent tous les jours et pour les sortir de leur réalité, ils décident de créer une équipe de super-héros. Ils vont essayer d’aider leur pays mais à leur niveau d’enfants.
Dans tes dessins, on retrouve beaucoup de référence à l’univers cinématographique américain. « Si » tu devais réaliser l’affiche d’un film, lequel choisirais-tu ?
Sixo : The Big Lebowski.
Tu as déjà réalisé des pochettes d’album, notamment pour le groupe The Noise Neighborhood. « Si » tu devais refaire la pochette d’un album mythique, lequel choisirais-tu ?
Sixo : The Harvest de Neil Young.
J’ai lu que tu tires ton inspiration notamment des dessins de Charles Burns. Ce dessinateur américain a été illustrateur de magazines à grand tirage comme Time Magazine, The New Yorker ou Rolling Stone. Si tu devais illustrer un magazine ou un journal en France, ça serait quoi ?
Sixo : Voici ou Détective magazine. Pour prendre le truc à contre-pied. Les « Closer », les « Elle », c’est toujours la même chose. Parfois, on aimerait bien qu’il y ait de l’illustration.
Tu as travaillé sur une campagne de pub Grand Optical. Si tu devais renouveler l’expérience, avec quelle marque travaillerais-tu ?
Sixo : Je m’en fiche. En fait, Grand Optical, c’est une proposition qu’on m’a faite. Je n’ai pas un idéal de marque.
A la suite de l’attaque du siège de Charlie Hebdo au coktail molotov, tu as réalisé une affiche collée sur un kiosque à journaux. Si aujourd’hui, tu devais réagir à une actualité, quel sujet choisirais-tu ? Et que dessinerais-tu ?
Sixo : Certainement quelque chose pour le mariage homosexuel. La loi est passée mais il y a toujours des manifestations. J’aimerais bien faire quelque chose pour leur montrer qu’ils ont tort, quelque chose qui les provoque.
En fait, j’ai déjà fait un dessin sur ça : deux marins qui se roulent une galoche. Je trouvais ça intéressant, parce que dans le milieu militaire, il y a beaucoup d’homosexualité. On en parle jamais. En ce moment, avec ma copine, on est en train de plancher sur une BD qui parle de ça.
Je sais que tu souhaites consacrer une partie de ton temps au tatouage. Si tu devais tatouer le dos de François Hollande, que ferais- tu ?
Sixo : Une carapace. Une carapace de tortue, comme Tortue géniale dans Dragon Ball Z.
Si, demain le maire de Paris te dit : « choisis un monument et tu as carte blanche ». On te retrouve où ?
Sixo : Il y a le sol de Beaubourg, sur le parvis. Il y avait M. CHAT qui avait fait un chat géant. Je me rappelle, c’était une des plus grosses claques au niveau graffiti et taille. En plus, c’est intéressant, ce n’est pas sur un mur, mais sur le sol. Tu peux le regarder d’en haut.
Dans tes dessins, on voit souvent des super-héros. Si tu devais te transformer là, tout de suite, quel héros apparaitrait devant moi ?
Sixo : C’est une question que je me suis déjà posée. Je dirais « Superman ».
Si je te dis « Petit Joseph », tu dessines quoi ?
Sixo : Je pense que je dessinerais un enfant qui boit et qui fume.
Propos recueillis par Isa Terrier
RDV au Petit Joseph pour le vernissage du « 2X2 » de l’artiste SIXO le mardi 4 juin à 19h.
Plus d’infos :
Vous pouvez voir le 2×2 de SIXO
du mardi 4 juin au dimanche 30 juin 2013
au Petit Joseph Dijon.
3, rue Joseph Dijon
75018 Paris
Horaires d’ouverture :
du mardi au samedi de 17h à 2h
le dimanche de 10h à 20h
SIXO