Londres, le street art est omniprésent. Qu’ils soient aussitôt effacés par la mairie ou sacralisés par du plexiglas comme les œuvres de Banksy, les graffs font rayonner la ville. Légions sont en effet les associations qui vous proposeront un circuit dans les quartiers où sévissent les street-artists de renommée mondiale et quelques workshops sont d’ailleurs proposés pour les néophytes par le site alternativeldn.co.uk.
Vendredi 22 novembre 2013 mixait au Glazart le duo londonien du groupe de Modestep, tête d’affiche du mouvement Dubstep grâce à des titres tels que Sunlight, Show Me A Sign et Feel Good. Largement influencé par cette effervescence d’outre manche, c’est l’occasion de lier cet univers musical à des repères iconographiques, culturels et à son public.
Il faisait nuit depuis déjà longtemps et nous nous trouvions devant ce bar huppé du 1er arrondissement parisien. Je m’étais préparé à cette interview en m’adonnant à une cure journalière de dubstep depuis que je savais que je rencontrerai Modestep, ce qui me valait quotidiennement mon lot de moments de vie pittoresques et épiques entre nouage de lacets, dégustation de yaourts nature et brossage de dents, le casque sur les oreilles.
Modestep, c’est avant tout un coup de cœur estival attrapé à Londres, au festival Wireless 2011. Autant que je m’en souvienne, mon âme était pure et je n’avais écouté de dubstep auparavant – ou vis et versa. S’en sont suivis tous les classiques Essential Mix de BBC1, de Nero à Chase & Status, en passant même par quelques titres de Skrillex, allez je dis tout. J’avais accroché au phénomène. Retrouver Josh et Tony de Modestep à domicile cette fois, piégé dans le froid de la bouche de métro Louvre-Rivoli pour la promotion de leur nouvel album « Evolution Theory » et du Foot Locker Sneaker Mix Tour au Glazart m’exaltait réellement.
« Oh my god, I own a lot of shoes. Too many ! » Quand on apprend que Tony, le DJ du groupe possède pas moins d’environ 50 paires d’Air Max, on situe mieux leur enthousiasme pour cette tournée européenne en partenariat avec Foot Locker, passant par Berlin, Madrid, Milan, Paris et enfin le QG Londonien pour clôturer en beauté. Confiants de leur popularité tout en restant modestes, c’est tout sourire qu’on en est venus à parler de leurs clips sur Youtube qui dépassent les 25 millions de vues. « Les idées viennent souvent quand on voyage en tournée, on parle et on parle puis d’un coup quelqu’un fini par s’écrier : et si on le plaçait dans notre clip ?!? » confie Josh. Inspirés autant par les cartoons japonais à la croisée entre Animatrix et Kill Bill, la rébellion juvénile, le nervous breakdown dandiné des employés de la City que par des sujets plus graves comme le harcèlement à l’école, leur musique touche ainsi un public très large qu’il me tardait de retrouver dans la soirée.
Au Glazart, où Modestep était l’invité d’honneur, nous avions donc un joli condensé de l’audience attendue. Du marcel transpirant, des beanies en veux tu en voilà, et des « fluorescent adolescents » – d’où les photos en noir et blanc, l’atmosphère était sérieusement envoutante. Bercé à la dure par les rythmes tantôt reggae, tantôt trap du duo de la perfide Albion, l’événement était tout aussi puissant que les baffles qui m’ont percé les tympans et laissé des acouphènes pendant trois jours durant. Après leur set, nous avons rejoint Modestep dans les backstage pour avoir un retour sur leur prestation. « It was bloody mental in there ! » lance Josh encore tout extatique et impressionné par l’ambiance de leurs fans. Après un bon quart d’heure avec les gagnants d’un concours Facebook à faire des selfies et à s’essayer à la langue de Molière, nous avons laissé Modestep profiter de leur quelques heures restantes à Paris avant de redécoller pour Londres. Pas vraiment le temps de parler de street-art avec eux mais peu importe car l’esprit de leur musique en est gorgé, tout comme le prouve cette toute dernière vidéo signée des graffeurs Sofles, Fintan Magee, Treas et Quench.