Quand le street art rencontre la mode à Paris

Quand le street art rencontre la mode

Tags, graffitis, personnages et animaux hauts en couleurs… Le street art fait partie intégrante du paysage urbain et ne cesse de se renouveler. De nombreux murs gris ternes se transforment en véritables œuvres d’art pour le plus grand plaisir des citadins. Paris est une source d’inspiration inépuisable pour le street art : pochoirs engagés de Miss Tic, personnages de Nemo, Fafi, les Space Invaders, les graffs inspirés du TAG de Hopare… mais Paris est aussi la capitale de la mode. La rencontre entre ces deux milieux était inévitable.

En effet, chacun étant habitué à voir ces œuvres sur des murs et autres surfaces urbaines, il était naturel que la mode s’empare de ce mouvement artistique en le remaniant pour se l’approprier. C’est ainsi qu’on retrouve de plus en plus de graffitis et personnages inspirés du street art sur les vêtements et accessoires.

street art & mode suite 3

Le street art, moteur de tendances

A l’origine de cette tendance, on retrouve certains artistes qui ont imprimé leurs motifs sur des t-shirts, à l’instar de l’artiste berlinois El Bocho. Le succès de ces créations a très vite poussé les  grandes marques à s’emparer du phénomène et à engager des artistes urbains pour créer des motifs pour leurs collections de prêt à porter. On a ainsi vu naître cette année une collaboration entre Louis Vuitton et trois artistes de street art – l’indonésien Eko Nugroho, Ben Eine de Londres et le Franco-Tunisien El Seed – qui ont été invités à exprimer leur vision sur le carré géant de la Maison. On pourrait penser qu’il s’agit de simples collaborations ponctuelles et isolées, réalisées par quelques marques de prêt-à-porter, mais le phénomène prend de plus en plus d’ampleur. Le street art était en effet cette année l’invité d’honneur des Fashion Week. Pour son défilé automne-hiver, Céline a ainsi multiplié les imprimés graphiques à la manière d’une bombe de grapheur, et Prada a utilisé des imprimés « tag stylisés ». Experte en matière de tendance, la communauté de mode STYLIGHT prévoit que les motifs urbains vont prendre une place de plus en plus importante dans les collections à venir, et ce n’est pas un hasard. Plus qu’un simple vêtement, un vêtement stylisé aux allures streetwear est un moyen sûr de se distinguer des autres tout en affichant son état d’esprit.

Street art soie

Street sur soie, moui, Copyright LVMH 🙂

Le street art comme mise en scène

Avec habilité et créativité, le street art s’empare des moindres surfaces de nos villes. Il n’y a qu’à ouvrir les yeux pour voir des personnages ou tags orner les surfaces urbaines. Et cela n’est pas passé inaperçu auprès des blogueurs mode qui se servent eux aussi de cet art comme mise en scène pour leurs looks. Ainsi les tenues sont mises en valeur par ces décors artistiques: les motifs d’une tenue sont mis en avant par les motifs présents sur les murs, les inscriptions murales viennent renforcer un look punk.

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La façade imaginée par l’artiste Hellbent pour le projet Art Wall de la boutique Denim & Supply de la marque américaine Ralph Lauren, à New York.v/ L’EXPRESS

Mais les blogueurs ne sont pas les seuls à avoir repéré le potentiel de cet art vivant et décalé comme faire valoir de tenue. En effet, du 29 août au 9 octobre 2013, le célèbre grand magasin parisien Le Printemps a invité des street artistes à mettre leur touche personnelle dans les espaces Mode et Homme de l’enseigne. Dans le cadre de la « London Mania », Spinos Halris, Mateus Bailon, KEF ! et Otto d’Ambra ont ainsi customisé des cabines téléphoniques pour donner leur vision de la mode anglaise. Ainsi, les frontières entre le street art et la mode sont de plus en plus floues.

Prada met en scène un défilé

Prada met en scène un défilé

Street art et mode, un mariage contre nature ?

Longtemps critiquée et associée à du vandalisme, cette manifestation de l’art a trouvé sa place et est désormais encouragée. Comme le milieu de l’habillement, le milieu de l’art est soumis à des tendances et celle-ci est actuellement urbaine, à en croire les collectionneurs et galeries. On a ainsi pu admirer des collections de street art dans de vénérables lieux dont le Grand Palais de Paris (exposition TAG, du 27 mars au 26 avril 2009) suivit par une exposition à la fondation Cartier(née dans la rue- Graffiti, entre juillet et novembre). Le succès planétaire de la star anonyme BANKSY a aussi contribué à rendre l’art urbain à la mode. Les marques surfent sur les tendances, et celle-ci ne leur a pas échappé. En s’associant à des street artistes, elles cherchent à toucher un public plus jeune et plus urbain, c’est-à-dire un public plus à l’image de la société actuelle. Mais si ces collaborations sont réussies d’un point de vue esthétique et commercial, ne sont-elles pas dangereuses pour le street art? Les street artistes ne sont-ils pas en train de vendre leur âme? Cet art à l’origine sauvage, illégal et subversif n’est-il pas en train de perdre son sens? Tout l’enjeu pour ces artistes qui collaborent avec des marques est de préserver leur intégrité.

Stylight street art suite1

 

Pour aller plus loin :

Rue89 – Graffiti Street Art et Muralisme, et si on arrêtait de tout mélanger [ http://goo.gl/oq8mRP ]

Le Monde Magazine – La mode se donne des arts [ http://goo.gl/fXCXrr ]

Le blog des modeuzes –  La mode street art en tête des tendances [ http://goo.gl/CHlPr7 ]

 

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