Art Liberté : du Mur de Berlin au Street Art – SNCF

« Art Liberté du Mur de Berlin au Street Art » se situe à la gare de l’Est, à Paris, du 15 avril au 8 juillet 2015. La SNCF porte ce projet en partenariat avec la mairie du 10e arrondissement. Il n’aurait pas pu voir le jour sans la contribution du Sylvestre Verger Art Organisation (SVO Art), propriétaire d’une collection hors norme de morceaux du Mur de Berlin. Cet événement est le premier acte d’un projet commun visant à améliorer la liaison entre les quartiers des gares de Paris-Est et de Paris-Nord / Magenta. 

© Marie-Ange Baudin

Thierry Noir, Christophe Emmanuel Bouchet , L7m et Kiddy Citny© Marie-Ange Baudin

UNE PERFORMANCE EXCEPTIONNELLE RÉALISÉE PAR LES ARTISTES EMBLÉMATIQUES DU MUR DE BERLIN

Quelle surprise pour les passants et les habitués du train que de découvrir à la gare de l’Est  une fresque de 47 mètres de long réalisée sur le mur de la rue d’Alsace (Paris 10ème) par Thierry Noir, Christophe Emmanuel Bouchet et Kiddy Citny. Ces trois précurseurs du street art ont été les premiers à peindre des fresques sur le Mur de Berlin dès 1984.

Les trois hommes ont commencé à peindre la fresque le 28 mars. Ils ont reproduit les dessins qu’ils avaient fait sur le Mur de Berlin. « Peindre ce mur est avant tout une façon très importante de communiquer parce que ça va être vu par beaucoup de personne qui n’ont pas vécu cette guerre« , explique Kiddy Citny quant à sa démarche de reproduire ses peintures sur le mur de la rue d’Alsace.

Kiddy Citny © Marie-Ange Baudin

Kiddy Citny © Marie-Ange Baudin

« Berlin, dans les années 80, vivait la Guerre Froide. Toutes ces peintures exprimaient la vie que nous vivions. Ce mur était comme un musée pour que finalement les gens du monde réalisent qu’il fallait changer quelque chose », continue-t-il. Pour Kiddy Citny, exprimer des messages sur les murs permet de maintenir le dialogue entre les gens.

A propos des artistes d’art urbain aujourd’hui, ils sont très nombreux à faire bouger les mentalités et à obliger finalement à réfléchir via leur peinture. « La guerre n’est jamais finie quand on regarde autour de nous. Il est donc toujours autant important de se battre pour la liberté. Montrer des messages de paix, se battre grâce à cet art sur ces murs, me semblent important. Et comme je le dis : sans art pas de futur » , conclut l’artiste.

Zeitgeist de Gonzalo Borondo © Marie-Ange Baudin

Zeitgeist de Gonzalo Borondo © Marie-Ange Baudin

Homme discret, Thierry Noir comme ses deux amis reste en retrait lors de ce vernissage. « Peindre sur le mur de la rue d’Alsace, était un moment fort puisque nous avons refait les œuvres que nous avions peintes avec Christophe-Emmanuel Bouchet, en 1986. Nous avions sprayé 42 statuts de la Liberté sur le mur de Berlin au Checkpoint Charlie (point de contrôle qui permettait de franchir le mur) », souligne Thierry Noir. Seulement 28 statuts ont été peintes sur le mur de la rue d’Alsace.

Jeune, Thierry Noir a vécu à 7 mètres du mur et pour lui, il a fait partie de son quotidien. « Je me suis mis à le peindre par hasard. En avril 1984, j’ai eu besoin de le peindre pour essayer de délivrer cette mélancolie qui s’ajoutait de jour en jour. Il ne se passait rien devant cette partie : je n’ai jamais vu un soldat tiré par exemple »,  confie l’artiste. A partir du moment où il s’est décidé à la peindre, les gens lui ont demandé qui le payait pour « faire cela, qui était le grand méchant loup qui le manipulait ».

Thierry Noir © Marie-Ange Baudin

Thierry Noir © Marie-Ange Baudin

Peindre le mur de Berlin a dérangé et questionné :  pourquoi vouloir le rendre beau ? « Même si l’on peint des kilos de peinture sur le mur, il ne sera jamais beau. Ce n’est pas une oeuvre d’art, c’est une machine à tuer », leur a-t-il expliqué. « La société allemande le voyait comme le mur de la honte. Même les artistes allemands n’y touchaient pas. Je dérangeais en le peignant », confesse-t-il.

« Je me demande si je dois aller peindre tous ces murs », s’exclame Thierry Noir, quand il aborde un sujet délicat : le mur israëlo-palestinien, celui entre l’Inde et le Bangladesh. « Depuis 1989, les murs sont de plus en plus nombreux. Les artistes de ces pays devraient les peindre pour y mettre fin. »

Finalement, les artistes de rue comme Thierry Noir permettent maintenant de faire tomber d’autres murs :  ceux que l’homme a construit en devenant de plus en plus individualiste. ‘ Nous redonnons de la vie et le sourire », se réjouit l’artiste. Et c’est pour son plus grand bonheur.

Propose recueillis lors du vernissage

L'Art, ma passion. L'art urbain, mon dada. Que dire de plus : journaliste et animatrice radio dans ce domaine, je parcours la France et le monde pour trouver de nouvelles perles.