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Vers de nouvelles collaborations entre l’art urbain et le digital 1/3

Jeudi 21 mai 2015 se tenait la première conférence d’un cycle au thème prometteur : l’art urbain et le numérique. Urban Art Paris et le Numa Paris se sont associés pour organiser plusieurs discussions dont les motifs récurrents seront l’entrepreneuriat, le digital et l’art urbain.  Cinq intervenants issus de domaines variés ont joué le jeu d’ambassadeur de leur propre vision des liaisons qui se créent entre nos trois moteurs de discussion. 

Vous étiez une centaine à participer à notre conférence et à écouter nos intervenants… Retour sur les discussions et les échanges dans une série de 3 articles.

La place de l’art urbain et des artistes  :

Christian Omodeo insiste sur le fait que les artistes d’art urbain ont une formation d’autodidacte  précoce. L’indépendance et la personnalisation de la connaissance et de la culture, les ont poussés à appréhender l’art autrement.

La proximité entre artistes est d’autant plus exacerbée puisque la plupart se rencontrent sur le terrain, mais aussi dans des conditions plus officielles, et tissent des liens solides et durables (amitiés, collaborations etc).

The bridge of graffiti – Bienale de Venise

 

L’événement historique à ses yeux est bien évidemment l’exposition The Bridges of Graffiti à laquelle il a participé. Le lieu fut expressément remis à neuf afin d’accueillir cette exposition, incluse au programme de la Biennale de Venise 2015.

Cette exposition marque la reconnaissance de l’art urbain, catégorie au demeurant moins officielle, au sein du monde de l’art contemporain.

Les marques comme accélérateurs ?

Ayant eu l’opportunité de peindre sur les murs, l’origine des artistes d’art de rue n’en aura été que plus célébrée. Giorgio de Mitri, le curateur de l’exposition, est le fondateur de Sartoria Digital (agence de communication italienne) dont la marque Nike est l’un des clients. Chronologiquement, il lança en 2011 l’exposition Kindergarten a Palazzina dei Giardini à Modène. Celui-ci invita des artistes avec lesquels il travaillait depuis 20 ans (entre autres, Os Gêmeos). De ce fait, il initia le dialogue entre les artistes urbains et les marques, dont il était l’intermédiaire. Son dévouement en tant que curateur est le signe d’un investissement humain et artistique envers les artistes urbains.

Le critique d’art aurait « critiquer » cet envahissement d’un lieu culte, tandis que les marques soutiennent ces initiatives, là où l’aide des institutions ou des acteurs majeurs de l’art contemporain est inexistante.

 Cette rencontre entre les artistes et les marques s’est développée par le biais de l’internet. Celles-ci ont justement cerné l’essence d’un art qui peut-être à la fois léger, complexe, à l’esthétique pop, tout en ayant la possibilité de faire passer un message transformé en un visuel intense.

 

La conclusion  s’oriente alors sur la viralité de l’art urbain, relayé par Internet. Suite à quoi certaines querelles ont vu le jour entre les artistes et les marques, rapidement supplées par les médias pointant l’inadéquation entre les contrats signés et les remontrances des artistes.

Or ceci est moins une attaque futile qu’un blâme de la manière dont les marques se positionnent dans l’espace public. Christian Omodéo approuve ce dialogue, plus enrichissant que contraignant.

Un exemple de collaboration parfaitement réussie :

Porte de Pantin – Bâtiment des douanes

 

L’illustration parlante, présentée par le président de BETC Digital Ivan Beczkowski, de cette nouvelle forme de notoriété est la façon dont les artistes peuvent exister à travers les nouveaux canaux numériques.

C’est lors de leur nouvelle installation dans un bâtiment de Pantin que BETC croise le chemin de l’art de rue. 20 000m2 criblé de graffitis devenus un temple de l’art urbain abandonné depuis 2004.

Le projet Graffiti Général est alors né pour conserver cette enceinte par la numérisation (les parties amovibles sont stockées pour le moment). Ils ont opté pour une visite virtuelle afin de retranscrire au plus proche l’empreinte du temps qui a sévi, le contexte et l’ambiance.

10 jours de prises de vues, 5000 clichés, 20h de son, et l’aide de multiples contributeurs pour l’identification des graffitis et autres murales ont permis le développement de ce document virtuel. Le site est en ligne depuis 1 an et demi et comptabilise 150 000 visites. De nombreuses questions sont encore en attente de réponses notamment en ce qui concerne la finalité de ce projet : doit-il rejoindre le fond d’une institution ? Le domaine publique ?

Ce fut une belle surprise pour BETC de réaliser la popularité de certains artistes d’ores et déjà reconnus, l’ascension d’autres qui ont rebondi par la suite, mais surtout la polarisation de tous ces talents au sein d’un endroit  aussi underground. La vibration commune est alors apparue comme celle d’une rencontre de cousins éloignés :

« Les publicitaires telle que l’agence BETC sont mal venus sur les murs de la ville, tandis qu’ils sont le terrain de jeu des artistes d’art urbain. »

A noter que cette collaboration artiste et lieu éphémère à le mérite d’être l’une des plus belles et complètes des dernières années. En effet, après l’expérience proposée par le site web,  c’est un livre complet sur le bâtiment des douanes édité par Karim Boukercha.

 

La suite du compte-rendu de la conférence dans notre série : 

La visibilité des artistes sur les nouveaux médias digitaux 2/3