A défaut d’être en cavale, Alexandre, alias Nasty, nous mène dans le métro parisien par ses supports utilisés, tatoués à la bombe aérosol, et ouvre d’autres espaces créatifs au graffiti en réutilisant ses outils comme support.
Plus que l’idée c’est surtout le résultat qui met la lumière sur un artiste dont l’art est définitivement Nasty By Nature.
Imaginé depuis 25 ans, l’exposition Spraycan Art parle aussi des liens étroits qui existent entre le graffeur et l’outil qu’il a adopté. Une histoire d’amour qui tache mais ne se termine pas.
C’est lors d’un après midi où les vêtements s’écourtent plus vite qu’un vol Paris Berlin en Falcon qu’ Urban Art a eu l’occasion de s’entretenir avec Nasty.
Sur fond de dédicace de son livre The Art of Nasty disponible en galerie, nous avons échangé sur sa démarche artistique.
Comment te définirais tu auprès des personnes qui ne te connaissent pas encore ?
Je suis un artiste contemporain issu du mouvement graffiti, pas forcément du Street-Art parce que pour moi le Street-Art est un nom qui a été donné à une forme d’expression qui permet de rendre le graffiti plus acceptable.
Comment s’est réalisé ton cheminement des murs des métros vers les murs des galeries ?
Tout c’est passé un peu près par hasard. Je n’ai pas commencé à faire des graffitis en imaginant qu’un jour je puisse me retrouver dans des galeries, musées ou même toucher un centime pour faire ce que je fais. Je suis sorti de la rue pour faire des choses ailleurs grâce les circonstances et l’époque.
La galerie est venue a toi ?
Je pense que quand j’ai commencé, à la fin des années 80, tous les jeunes qui ont été exposé à cette culture ont aujourd’hui grandi. Ils gèrent des galeries, travaillent dans les médias etc. En gros ils ont plus d’influence.
Je pense qu’ils ont envie de faire découvrir cette culture et vu qu’ils la comprennent, ils sont à même de pouvoir la proposer.
Avant les gens qui étaient dans les médias, galeries, ne comprenaient pas ce mouvement, du coup ils n’étaient pas capables d’en faire quelque chose.
A part ça il y a d’autres facteurs comme le fait que je n’ai pas cessé de travailler, j’ai jamais laisse tomber et je me suis creusé la tête pour savoir comment je pouvais sortir de la rue tout en restant proche de mes origines.
Avec ton recul, quelle est ta définition du graffiti ?
Le graffiti est un travail d’écriture, un mouvement, un état d’esprit.
C’est une démarche assez difficile à expliquer, parce que tu commences à faire du graffiti sans réelle raison.
Je ne sais pas vraiment, j’ai vu du graffiti j’ai voulu en faire. J’en suis tombé amoureux.
Quelles sont tes influences aujourd’hui ?
Je m’inspire de tout, couleurs, art contemporain, techniques.
Et je m’inspire toujours autant des gens qui m’ont influencé à mes débuts, c’est-à-dire toute la scène américaine.
Y’a-t-il une démarche écolo dans le recyclage de tes bombes usagées en support pour ton expo Spraycan Art ?
Je peux revendiquer la démarche écolo mais ce n’était pas non plus le but.
Je suis un produit de mon époque et finalement il y a peut être un peu d’écologie derrière ça.
Je prépare cette exposition depuis 25 ans, j’ai conservé ces bombes parce que je savais que j’en ferai quelque chose tôt ou tard, je suis lié à ça.
Les bombes de peinture sont comme des pinceaux donc ça fait toujours chier de les jeter.
J’ai un rapport très affectif avec cet outil : ce n’est pas un hasard si 25 ans après ça devient un support.
Exposition Spraycan Art
du 04 juin au 23 juin 2015
Galerie Brugier-Rigail
40, rue Volta
75003 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 11H à 19H30
Article de Kembi Rick
@rickreport
http://Instagram.com/RickReport