Au milieu des fresques réalisées entre autres par Supakitch, Tyrsa, Franck Pellegrino, Katre ou Ceizer, nous avons croisé des gens de tous horizons (un véritable melting pot de personnalités), reflétant la diversité et la richesse du milieu.
De très jeunes filles se baladent entre les panneaux en cours de réalisation. Elles s’initient tout juste au street art, enseigné en cours d’anglais dans leur lycée. Moins âgées – et plus lookées – que la moyenne des participants, elles nous disent être « avant tout venues pour l’art. La musique, le reste, on n’a même pas regardé la programmation ».
Preuve que le street art continue d’éveiller de nouvelles vocations !
A l’opposé, ce festival permet de croiser des « vieux de la vieille », des graffeurs de la première époque, qui ont déposé la bombe depuis bien longtemps. Ils sont venus profiter de cet événement en famille, pour transmettre les valeurs du milieu à leurs enfants. Ces passionnés, à l’image de The Butcher, évoquent volontiers et longuement le milieu hip hop/tag/street art des années 80 et son évolution, sans oublier de mentionner nonchalamment des compagnons de rue maintenant connus et reconnus, avec lesquels ils graffaient dans leur temps.
Ce festival est aussi une bulle d’air, bienvenue dans un milieu que ces anciens voient évoluer avec regrets vers un certain élitisme. Un festival gratuit, à même la rue et ouvert à tous, leur permet de faire un pont entre leur vision du street art et certaines dérives de ce qu’il est devenu aujourd’hui. Il permet de représenter les différents courants du street art, du lettering au style plus abstrait et moderne d’Opéragraphiks.
Loin d’être cloisonné dans un entre-soi confiné, ce festival est également l’occasion de rencontres inattendues, comme celle d’un policier patrouillant dans le quartier. En réponse à notre question sur ce qu’il pense de « tout ça », il est pour commencer mal à l’aise. N’arrivant pas à se positionner clairement entre l’illégalité historique du tag et l’aspect artistique du street art, il se libère progressivement pour enfin avouer que « ce qu’ils ont fait rue Ordener est sympa, cela apporte de la couleur au quartier, une touche artistique. On aime bien ce mur ». En fonction dans le quartier, c’est naturellement qu’il a été attiré par la couleur et la vie qui se dégagent des tagueurs, dj set et stands-boutique ou barbier.
Une autre rencontre, une autre vision du street art, à l’image de cette femme accompagnée de deux personnes atteintes d’un handicap mental. Elle appartient à l’association « La maison de Pénélope ». C’est la première fois qu’elle organise une sortie culturelle « pas dans un vrai musée ». Le street art est un milieu qui s’ouvre à tous, et le festival Top to Bottom contribue à démocratiser cette intention, en permettant par exemple à des associations de faire découvrir le tag et le street art à leurs membres.
Le Top to Bottom est un lieu de passage, qui attire les riverains par sa joie de vivre communicative : une femme qui se rend à la Maison des Associations avec son fils pour s’inscrire aux activités de rentrée, ou encore des jeunes filles venues se prendre en photo devant les murs finis dans les dernières heures du festival.
En résumé, le Top to Bottom, avec son offre variée de street art et d’activités liées à la street culture à même la rue, crée une rencontre de personnalités, de vie, d’interprétations et d’intentions – à l’image du milieu qu’il cherche à promouvoir. Pari réussi.
Article d’Adélie Fradin