Avec beaucoup d’humour, Monsieur Poulet, artiste Bordelais nous raconte son parcours et sa philosophie du poulet « dodu ». Bonne humeur au rendez-vous !
Peux-tu nous raconter l’histoire de Monsieur Poulet ?
Ma première rencontre avec le graffiti a eu lieu dans la deuxième moitié des années 90.
Un ami m’avait mis dans les mains 33 C’ Fresh, le premier magazine de graffiti bordelais. J’ai eu une révélation. J’ai tout de suite voulu faire pareil. Dès lors, j’ai commencé à peindre. Mes modèles de l’époque c’était les chromes de Discré, Amer, Acist, Tsar, Sucré, Hosé, Scaner, etc. J’ai donc fait pareil : des chromes.
Puis vient le jour où je me fais choper. Deux fois coup sur coup. Un flagrant délit pendant une session tag et une enquête qui mena jusqu’à moi dans la petite commune où j’habitais et que j’avais bien cartonnée. Les deux amendes ont stoppé net ma carrière. Puis viennent les études, les choix professionnels à faire…
Jusqu’au jour où Internet est arrivé. J’ai découvert un autre monde. Le graffiti avait évolué, voire même muté. J’avais devant les yeux les prémisses du street-art. Et exactement comme avec ma première rencontre avec le graffiti, j’ai voulu faire pareil. J’ai commencé à faire des affiches que je collais dans ma ville. Très vite, j’ai voulu faire de la couleur, j’ai alors inventé un personnage naïf et dodu qui je voulais être un pingouin. Quand je l’ai montré à une amie, elle m’a dit qu’il ressemblait à un poulet. Je lui ai donc rajouté une crête et mon perso était né.
Tu viens de Bordeaux, tu as toujours vécu dans cette ville ? Est-ce qu’on peut retrouver Monsieur Poulet dans d’autres villes en France ou à l’étranger ?
Mon père est un Landais venu s’installé à Bordeaux où il a rencontré ma mère. Je n’ai donc connu que cette ville, mais j’ai eu la chance de voyager. J’ai pu coller des affiches dans des villes comme New York, Amsterdam, Londres, Paris, Prague en faisant chaque fois une affiche avec jeu de mot dans la langue locale. Mais avec le temps, je préfère visiter des petites villes de ma région. Les grandes villes ne me font plus du tout bander, je les trouve sales, malsaines, malades. Je préfère largement aller me perdre dans les belles campagnes du sud de la France, et c’est dans ces coins là que tu trouveras mes peintures.
Tu es passé par le collage, et l’affichage avant d’arriver au « graffiti » en utilisant la bombe aérosol, tu dessinais donc avant d’avoir créé ton personnage sur des murs extérieurs ? Est-ce que c’est ce travail de collage/Affichage qui t’a donné envie d’utiliser la bombe ?
En fait, je viens du graffiti « traditionnel » donc en fait mon seul but était d’être présent en ville quelle que soit la manière et on va dire que le collage n’était qu’une parenthèse maintenant refermée.
Le collage, c’est facile, tu prépares ton affiche à l’avance, tu vas la coller, ça te prends 5 minutes et tu ne risques rien.
C’est un peu trop facile en fait. J’ai fais le tour de tout ça, et pour tout te dire, le centre ville me dégoûte. Je n’ai plus envie de faire d’efforts pour le rendre « plus beau, plus poétique ». Comme je le dis plus haut je préfère m’exiler au fin fond de friches des campagnes lointaines. C’est une démarche personnelle et égoïste. j’ai envie de me faire plaisir avant de faire plaisir aux autres (qui n’en n’ont rien à branler, il faut bien le dire). Mon plaisir est de rouler, rôder, peindre sans un bruit autour de moi, d’aller où personne ne va et n’ira jamais. Je n’en ai plus rien à foutre de la hype du centre ville.
Pourquoi tu as commencé en faisant du collage, et pourquoi l’humour dans tes messages ?
Je n’ai pas une âme de donneur de leçon, je ne suis pas un moralisateur au discours Miss France. Hors de question qu’au travers de mon travail cela se ressente. La politique, les grandes causes sont pour moi des sujets personnels et privés. Je préfère être dans le registre de l’humour et de l’imaginaire… Mes dessins sont plus destinés aux enfants qu’aux adultes … En fait, ils sont surtout destinés à ceux qui ont gardé leur âme d’enfant.
Aujourd’hui, tu as envie d’autre chose sous cette forme d’art ou tu te vois continuer avec Monsieur Poulet avec toujours ce petit ton d’humour ?
Je pense avoir trouvé mon rythme de croisière avec ce poulet dodu à qui il reste encore tellement d’aventures à vivre et de friches à peindre.
Apparemment devenu papa poule ? Une fois couvé, est-ce que tu penses faire découvrir ton univers artistique à ton fils ? Pourquoi pas Monsieur poussin ?
Mon fils a déjà un bouquin personnalisé par son papa qui l’attend.
Mais avant d’être Monsieur Poulet, je suis son papa. Il sera forcement baigné dans cet univers coloré, mais je vais essayer de ne pas l’influencer dans ses choix futurs. Il fera ce qu’il veut, et le principal est qu’il vive heureux.
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