L’édition 2017 de l’Urban Art Fair expose d’ailleurs moins d’artistes historiques et l’origine graffiti du mouvement s’efface peu à peu pour laisser place à la scène contemporaine tournée vers le muralisme, avec une belle représentation d’artistes français comme le célèbre C215, l’ascensionnel Levalet, l’artiste pop Jo Di Bona, le graffuturiste Hopare, et des artistes colleurs comme Madame ou le duo des Monkey Bird. Avec des œuvres parfois créés spécialement pour l’événement, les galeristes apprécient de pouvoir atteindre un public varié, le plus gros des collectionneurs étant souvent passé dès la soirée du vernissage. Pour certains, ils se préparent d’ailleurs à poursuivre l’aventure à New York lors de la première édition américaine de l’événement prévue du 29 au 3 juillet.
Avec une programmation hors-les-murs fort limitée pour ancrer la foire dans une culture « street » festive et ouverte à tous, l’Urban Art Fair semble résolument inscrire l’art urbain dans les canaux du marché de l’art contemporain au sens large. Cette standardisation apparaît à bien des égards regrettable dans la mesure où la démarche de nombreux artistes de ce mouvement hétéroclite perd de sa force une fois sortie de l’espace public qui l’a inspirée. Avec seulement une installation et quelques sculptures, la variété des médias exposés semble elle aussi étrangement restreinte par rapport à la diversité des pratiques urbaines actuelles.
Quelques galeries se démarquent cependant avec des lignes artistiques riches et pertinentes: c’est le cas de la galerie PDP, qui met par exemple l’accent sur la qualité technique de ses artistes avec des œuvres spécialement crées autour d’une thématique choisie pour l’occasion et une cohérence esthétique remarquable. La galerie Openspace fait elle aussi une entrée remarquée en combinant harmonieusement abstraction et figuration, tout en présentant l’argentin Franco Fasoli (JAZ) pour la première fois en France. Enfin, on apprécie également de découvrir les œuvres sur toile de Sckaro et Ratur, deux frères prodiges nouvellement représentés par la Galerie 42b.
Bien que l’événement alimente le dynamisme –du moins financier- de la scène artistique urbaine, on ne peut qu’espérer une prochaine édition plus innovante et ambitieuse dans la forme comme dans le fond.
Par Hélène Planquelle