Belgrade, Serbie. Nous sommes loin des grandes villes habituellement citées pour illustrer l’expansion du street art à l’instar de New York, Miami, Berlin, Paris ou encore Bogota. Pourtant c’est ici que nous emmène le livre d’Aleksandar Đorđević, sobrement nommé « street art Belgrade ».
Après la découverte du graffiti à Berlin Ouest, Aleksandar s’est passionné pour cette pratique qui n’était pas encore considérée comme de l’art mais qui remplissait peu à peu l’espace public. C’est ainsi qu’il a passé six ans à arpenter les rues de la capitale serbe, pour photographier toutes les œuvres qu’il voyait sur les murs. Il a référencé plus de 7000 graffitis, certains visibles aux yeux du public et d’autres trouvés dans des lieux abandonnés.
Pour Aleksandar, le graffiti délivre de véritables messages qui peuvent toucher personnellement ceux qui le regarde, en opposition aux affiches publicitaires n’ayant qu’un seul but : faire consommer !
Ces messages, il ne cherche cependant pas à les déchiffrer, laissant aux lecteurs le soin de voir ce qu’ils souhaitent dans ces peintures, pochoirs et autres collages. La force de l’art urbain réside dans son immédiateté et sa diversité d’interprétation.
« Force, gloire, sagesse, amour et tristesse » voici les cinq émotions que le photographe a choisi pour classer les œuvres croisées dans sa ville natale, sans donner plus d’indications.
En effet, ici l’auteur n’est pas du tout dans une démarche didactique mais plutôt dans un référencement de l’existant artistique à un moment T, car ne l’oublions pas, le street art est éphémère par nature.
Glissés parmi les nombreuses photographies, quelques mots de célèbres graffeurs serbes ponctuent notre lecture. Ainsi le pochoiriste TKV, l’adepte du photo-réalisme Artez, son acolyte pop Junk, le calligraphe Lortek, ou encore Nikola et Rage, s’expriment sur la création de leur propre style, leur rapport avec la ville ou encore la liberté de leur art.
L’histoire tumultueuse de Belgrade (appartenance à la Turquie, régime communiste, occupation allemande, éclatement de la Yougoslavie, bombardements lors de la guerre du Kosovo…) fait de la capitale serbe un terrain fertile pour les artistes. Ce livre vous montrera le dynamisme de cette ville qui risque de bientôt s’imposer comme un lieu incontournable du street art en Europe.
Le premier livre sur le graffiti serbe, mais sûrement pas le dernier !
Bon plan : Aleksandar Dordevic sera présent sur le festival LaBel Valette pour présenter son ouvrage et répondre à toutes vos questions. Une occasion à ne pas manquer !
Cocorico : Blek le Rat et d’autres street artistes français se sont glissés dans cet ouvrage, à vous de les retrouver 🙂
Article rédigé par Gaelle Hilaire