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Rencontre avec Endurance Pastel, une artiste prometteuse mêlant douceur et évasion

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Endurance Pastel, jeune artiste empreinte de sensibilité a arpenté les rues de San Francisco, pour exposer ses illustrations de femmes aux courbes généreuses, à la pilosité assumée. Ses oeuvres, facilement reconnaissables par ses formes et couleurs sont l’expression de réflexions personnelles autour de la beauté féminine.

Rencontre avec Endurance Pastel, qui a accepté de nous livrer, en toute intimité, les dessous de ces femmes, débarrassées de tout complexe.

Crédit photo : © Derek Macario


Tu peux nous parler de ton parcours artistique ?

J’ai fait un Bac Professionnel option communication graphique pendant trois ans, au lycée Toulouse Lautrec, à Bordeaux. Cette formation m’a permis d’être plus rapidement plongé dans le monde professionnel grâce aux différents stages réalisés. Ensuite j’ai fait 3 ans en design graphique aux Beaux Arts de Lorient. En première année les profs m’ont conseillé de ne pas me contenter de dessiner mais d’aller au-delà, tester le plus de choses possible. Je me suis mise à la sérigraphie, à la broderie… J’ai été diplômée en juin dernier, je me suis demandé si je voulais continuer encore pendant deux ans pour aller jusqu’au Master, car jusque-là, j’ai eu beaucoup opportunités des expositions à Paris et à Bordeaux et pas mal de collaborations prévues avec des artistes.
J’ai alors décidé de demander une année de césure pour me permettre de réaliser tous ces projets de voyages et de rencontres entre artistes.

Dès le début, tu t’es distinguée par des illustrations de femmes rondes, poilues. Pourquoi ce choix ?

J’ai eu beaucoup de problèmes sur l’acceptation des formes sur moi-même. J’ai essayé de faire ressortir ce problème-là, et toutes ces questions à travers le dessin. Je n’arrivais pas du tout à dessiner des femmes maigres. Je trouvais ça tellement plus beau et plus agréable de dessiner des formes, même si elles étaient surdimensionnées.

Souhaites-tu faire passer un message à travers tes dessins, dénoncer quelque chose ?

Quelle image donne-t- on de la femme ?
Quelles sont les formes idéales ?
Y a-t- il un idéal ?

Quels sont les autres thèmes de tes dessins ?

Je dessine beaucoup de vases, des parties de corps en mouvement, et tout plein d’objets qui m’entourent au quotidien. Je propose alors aux gens des flashs broderie ou flashs tattoo. Tous mes dessins sont en général en noir et blanc. Je lie plus facilement par l’utilisation de cette couleur ma pratique du dessin avec celle du tatouage et de la broderie. Je cherche à exposer des formes et non imposer des couleurs. Après sur ma pratique, je n’ai pas envie de me concentrer sur quelque chose en particulier.
Je fais du tatouage, mais j’ai toujours envie de coller, de faire de la broderie… Je n’ai donc pas besoin de m’enfermer dans un métier en particulier.

On a vu que par la suite, tu as été à San Francisco, et tu as fait des collages de ces mêmes femmes. Raconte-nous.

Après ma licence, j’ai organisé durant le mois de juillet une série de workshops broderie à la friperie Platine, à Bordeaux.
Puis, je suis partie trois mois à San Francisco dans l’idée de rencontrer les galeries et les artistes que j’avais contactés. J’ai travaillé sur de nombreuses commandes de broderies personnelles. Je me suis mise à tatouer et j’ai commencé à coller mes dessins de femmes dans la rue. Je me suis dit que le lieu, le cadre de cette ville était idéal pour exposer mes dessins. J’avais envie de sortir de mes carnets, du format A4 et de les confronter à la taille d’un mur. Le papier que j’utilisais pour mes collages, est un papier que l’on utilise dans la couture, pour tailler les patrons avec des mini-chiffres dessus. Ça me faisait penser aux mensurations.

L’expérience d’Endurance Pastel à San Francisco en vidéo

Quelles ont été les réactions des habitants, face à ces femmes ?

Lors de mon premier collage, j’ai été surprise par les réactions que ça a suscitées. Quand j’ai commencé à dessiner ces femmes-là en France, la plupart des réactions que j’ai eues étaient « Pourquoi tu dessines des grosses, avec des poils aux jambes ? ». Alors qu’à San Francisco, les gens les ont trouvé maigres. Je ne m’attendais pas à cette différence ni à ces réactions.

Est-ce que selon toi, l’Amérique offre davantage d’espaces de création artistique ?

À San Francisco, tu sens que les gens ont vraiment besoin de s’exprimer. Il y a de nombreux lieux dédiés à l’expression tels que des murs, des estrades, des ateliers, des galeries…

As-tu déjà pensé à faire la même chose à Bordeaux ?

Oui, mais je n’ai pas encore trouvé le lieu qui me donne envie de le faire.

Aujourd’hui tu brodes, tu dessines, tu tatoues. Est-ce que tu as envie de retenter un jour l’expérience
street art ?

Oui bien sûr, j’aimerais retenter l’expérience. Dessiner et coller plein d’autres femmes dans de nouvelles poses. Continuer tout ça dans de nouvelles villes et d’autres pays pour connaître les réactions des gens.

Après les dessins, tu as rapidement commencé à broder des t-shirts, des pulls, des tote bags, et il y a un peu plus d’un an tu as créé une collaboration avec une créatrice de mode. Est-ce que tu as envie de faire vivre ton art à travers la mode ?

Pourquoi pas ! C’est aussi le rapport au corps dans un certain sens.
L’été dernier, j’ai travaillé avec un créatrice de mode à Berlin. Elle a vu qu’en première année, j’avais travaillé sur un sujet qui était « dessiner en marchant ». J’avais créé des getas, comme des chaussures de geisha, où j’avais mis des tampons de chaque coté des semelles, et dès qu’on marchait, je me balançais avec et je laissais une empreinte sur toute une feuille de papier. J’avais adoré créer ça. Du coup, elle m’a proposé de créer des chaussures pour sa collection. Elle m’a envoyé tous les tissus qu’elle avait utilisés, les photos des tenues qu’elle avait réalisées, le lookbook etc. Et à partir de ça, j’ai créé 6 paires de chaussures. C’était un très bonne expérience, où j’ai pris beaucoup de plaisir.

Quels sont tes projets sur le long terme ?
Je passe ma licence de tattoo en France, car celle que j’ai passée aux États Unis n’est pas valable ici. J’espère tatouer davantage, faire de nouvelles broderies, de nouveaux voyages, des collages et de nouvelles rencontres.

Pour finir, pourquoi endurance pastel ?

En première année, je faisais beaucoup de sérigraphies. Un jour, j’ai créé un visuel, comme des petits slips que j’ai sérigraphiés sur des chaussettes. J’utilisais que des couleurs pastels : principalement du vert, du violet, et du rose. J’ai adoré faire ça. Pendant cette même période, j’ai aussi fait beaucoup de toiles avec ces couleurs-là. Et un soir, alors que j’allais partir courir, j’ai mis ces fameuses chaussettes et j’ai eu envie de mettre un post Instagram avec mes chaussures de running et ces chaussettes et je me suis dit « endurance pastel », c’est comme ça que je devrais m’appeler. Parce que je cours partout, j’ai toujours besoin de bouger. Je ne m’arrêterai jamais de courir, ni de voyager.

Retrouvez Endurance Pastel sur Instagram : @endurance_pastel