Parlez-nous un peu de votre parcours artistique, quand avez-vous commencé à peindre ? Avez-vous commencé tout de suite avec la peinture graffiti ?
Je n’étais pas vraiment très « artistique » quand j’étais plus jeune, je m’intéressais à la culture hip-hop. Je pensais que le graffiti pouvait être une porte d’accès à cette culture. J’ai toujours été influencé par des artistes comme Andy Warhol et Basquiat qui créaient des trucs cool mais je savais que j’avais besoin de quelque chose d’unique, d’avoir ma patte perso. Les choses avec lesquelles j’ai commencé étaient très basiques, mais je m’intéressais à la typographie, c’est ainsi que mon style s’est développé. Passer du graffiti au street-art s’est avéré être un processus assez lent, mais maintenant la typographie est ce pour quoi je suis connu et les gens reconnaissent mon art partout dans le monde.
L’oeuvre de Ben pour Zippo
Quand avez-vous commencé ou décidé d’adopter ce type particulier de typographie ?
C’est arrivé au fur et à mesure que mon style a évolué et il est devenu de plus en plus reconnaissable. Je voulais faire quelque chose de totalement différent de ce que faisaient d’autres artistes de rue tels que Banksy, Shephard et D-Face. Ça devait être quelque chose d’aussi bien mais ça devait aussi se démarquer tout autant. Une fois que j’ai commencé à explorer différentes variantes de la typographie, j’ai développé mon propre style et ça a abouti à mon style d’aujourd’hui !
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que Londres signifie pour vous et ce qui rend cette ville si spéciale ?
Londres est ma ville natale et j’ai beaucoup créé dans l’est de la ville, donc ça restera toujours important pour moi. Une de mes plus anciennes œuvres, « SCARY » à Shoreditch, est là depuis environ 12 ans maintenant et ma fille a même taggué son nom dessus ! C’est génial d’être capable de passer devant et de savoir que cela fait partie du paysage.
Quel a été l’élément déclencheur du projet avec Zippo? Comment Zippo et Ben
se sont-ils rencontrés ?
Zippo est entré en contact avec moi et m’a demandé de réaliser une œuvre sur une toile peu conventionnelle, à savoir le sol d’une zone industrielle de l’Est de Londres que personne ne penserait jamais à peindre. Il s’est avéré que cela pourrait potentiellement être l’un des plus grandes œuvres d’art de rue du monde et en tant qu’artiste, c’était un défi que je ne pouvais pas refuser. Il y avait tellement d’aspects du projet qui le rendaient si différent et plus excitant par rapport à ce que je fais habituellement. Je n’avais jamais travaillé à une telle échelle sur le sol auparavant, donc c’était difficile de perfectionner l’œuvre sans pouvoir prendre du recul et voir. Nous avons dû utiliser un drone pour capturer des images du travail en cours chaque jour après avoir peint pour vérifier que l’ensemble était cohérent.
J’ai aussi aimé l’idée d’avoir mon art sur un briquet. Être capable de transporter mon art dans ma poche est une chose tellement excitante, car contrairement à un mur ou une toile, où il y a toujours le risque que quelque chose soit peint ou emporté, le briquet restera tel quel.
Quel était le message que vous vouliez véhiculer ?
J’ai choisi le mot « créer » (« create ») parce que je pense que c’est ce que les gens doivent tendre à faire. En tant que personnes créatives, j’ai le sentiment que les artistes ont la responsabilité de créer des choses qui excitent les gens, qui incitent à regarder les choses différemment et à inspirer. Le street-art peut être apprécié de tous, il n’est pas inclusif et c’est ce que j’aime. N’importe qui peut passer devant une œuvre et apprécier une touche de couleur sur un mur de briques ennuyeux et, espérons-le, inspirer les gens qui passent à être créatif eux-mêmes.
Quelles ont été les différentes étapes pour créer une œuvre d’art aussi massive ?
Il y avait beaucoup d’étapes différentes ! Ce n’était pas facile. Chaque lettre faisait environ 20 mètres de large, donc réaliser les croquis sur le sol étaient difficiles. Habituellement, je travaille avec une nacelle et je peux voir s’il y a des erreurs au cours de la réalisation, mais comme cette œuvre était sur le sol, nous avons dû compter sur des images de drone. Aussi, il y avait tellement de peinture que nous avons dû utiliser des baignoires pour la mélanger ! À la fin, nous avons été tellement surpris par la perfection de son apparence – honnêtement, on aurait pu croire que Photoshop était passé par là !
De combien de temps avez-vous eu besoin pour finir cette « toile » ?
L’ensemble du projet a nécessité des mois de planification, mais nous avons réussi à réaliser l’œuvre en un peu moins de deux semaines avec une équipe de 30 bénévoles.
Le briquet Zippo x BenEine à gagner chez UAP !!
Quel a été le plus grand défi ou obstacle inattendu lors de la réalisation de l’œuvre ?
Le plus gros défi était de dessiner au début. Puisque nous travaillions sur le sol, nous devions utiliser le drone pour capturer des images de l’évolution chaque soir. Si quelque chose ne tournait pas rond ou si les lettres étaient trop rapprochées, nous étions de retour le lendemain matin pour dessiner à nouveau.
Combien de temps l’œuvre restera-t-elle visible ?
Malheureusement, l’œuvre a déjà disparu ! Nous avons toujours su qu’elle serait éphémère, et c’est ce que l’on peut attendre du street-art. C’est pourquoi c’est génial d’avoir imprimé l’œuvre sur les briquets Zippo, je peux le garder pour toujours !
Quel est ton meilleur souvenir de ce partenariat que tu pourrais partager avec
nous ?
L’une des parties les plus excitantes du projet était d’avoir la peinture murale capturée de façon permanente sur un briquet Zippo. Avec les médias sociaux, les gens prennent toujours des clichés de mon art, donc même s’il est repeint ou dégradé, il est toujours capturé quelque part. En travaillant avec Zippo, j’ai cette toile permanente pour ce qui s’est avéré être mon plus gros challenge à date.
Art London
Après un tel défi comme celui-ci, quels sont tes prochains projets ?
Ça va être très dur de surpasser ce projet avec Zippo, mais il y a quelques projets sympas à venir cette année ! Assurez-vous de garder un œil sur mes réseaux sociaux au cours des prochains mois !
Quand aura-t-on le plaisir de te voir à Paris ?
Ça fait longtemps que je n’ai rien fait à Paris. Ça serait sympa d’être invité à revenir bientôt. J’y ai fait un tour l’année dernière quand Tristan Eaton a eu son expo avec Galerie Itinérance. D * Face et Conor Harrington y ont peint récemment … alors ouais … j’espère pouvoir bientôt recevoir une invitation !
Ci-dessous la vidéo de la réalisation de l’oeuvre de Ben Eine pour Zippo: