Site icon Urban Art Crew – Association faisant la promotion de l'art urbain. Agenda, expo, festival autour du graffiti et du street art.

Quand les petits monstres de 9136 ART envahissent le Bourbon…

Attirée dès son plus jeune âge par la photographie grâce à son père, Maé aka 9136 a toujours aimé l’art, sous toutes ses formes.
Son univers, un mélange délicat, entre sensibilité et originalité, habite chacune de ses toiles aux couleurs pop. Un tantinet rebelle, 9136 ne se contentera pas uniquement de la toile ; c’est dans le quartier de Montreuil qu’elle fera ses premiers pas dans le monde du street art, qu’elle considère comme « une version libre de l’illustration ».

Partons à la rencontre de l’univers coloré et décalé de 9136, à l’occasion de son exposition au Bourbon.

Quel a été ton parcours afin de trouver une place dans le monde de l’art ?

J’ai commencé la photographie à l’âge de 14 ans avec l’appareil photo argentique de mon père. J’étais vraiment à fond dedans. Puis, peu de temps après, je me suis découvert une passion pour l’art avec les cours d’arts plastiques au collège. Parallèlement, j’aimais beaucoup les mangas, je regardais beaucoup Naruto, One Piece, Dragon Ball, tout ça grâce à mon frère, qui m’a fait découvrir cet univers.
Dès que je suis arrivée en École supérieure, les profs m’ont appris toute la panoplie du dessin : le réel, le paysage, l’aquarel… Mais à la fin du semestre, j’écoutais plus grand chose, je dessinais dans mon coin et un pote m’a dit que ce que je dessinais c’était génial, qu’il fallait vraiment que je me mette à fond dedans. Du coup, pendant une semaine j’ai fait que ça, et quand j’ai revu ce pote, il m’a dit qu’il connaissait des gens dans le milieu du graffiti, et que mon style pourrait correspondre. Le contact a été fait très rapidement ; deux semaines plus tard j’ai été graffée à Montreuil avec Kurma. Ça a été un peu mon professeur. Il m’a expliqué les règles du street art, il m’a appris à gérer les bombes. Après, au fur et à mesure, j’allais graffer à peu près une fois toutes les deux semaines, en mode apprentissage dans des lieux à peu près légaux de Montreuil.
J’ai fait ça jusqu’à mon départ à Bordeaux, il y a un an et demi environ. Et aujourd’hui je suis carrément dans le truc que ce soit street art, ou même des toiles. J’essaye de faire un peu les deux au même niveau.

Quand as-tu commencé à peindre dans la rue et pourquoi ?

L’illustration j’adore ça, mais il y a beaucoup de règles. Et moi, depuis que je suis toute petite, j’ai toujours été très rebelle. Mes parents me le disent tout le temps, ils me le reprochent assez souvent d’ailleurs.
Du coup pour moi le street art, c’est une version libre de l’illustration. Le fait d’être dans la rue aussi, je trouve ça génial. Il y a des gens qui passent, qui sont curieux, qui posent des questions. Il y a vraiment une communication avec le public, une ambiance de travail cool, on met de la musique, on rigole. J’aime cette ambiance street.

Tu fais aussi des toiles, des BD, des illustrations, aussi bien sur feuilles que sur des bouteilles en verre ou des paquets de cigarettes.
D’où te viennent ces idées ?

Je pense que ça vient de quand j’étais plus jeune. Lorsque j’avais 16-17 ans, j’étais pas encore dans le monde du travail donc j’avais des petits sous par-ci par-là de mes parents, je commandais ma peinture, mon matériel à Noël ou à mon anniversaire. Et quand j’avais pas la possibilité de m’acheter des toiles, j’allais me balader à Paris avec mes potes pendant les Encombrants, et je chopais tout ce que je trouvais, que ce soit planche, cartons, bouteilles… Du coup je me suis habituée à peindre sur autre chose que des toiles et je pense que c’est quelque chose qui est resté… Même si aujourd’hui j’ai un boulot et que je peux me permettre d’acheter des toiles, j’aime beaucoup prendre des objets insolites ou même du quotidien et en faire des oeuvres d’art.

Dernièrement, je me suis mise à la pâte à sel, comme les enfants, et je m’amuse bien ! En plus, il y a des gens qui sont intéressés, qui trouvent ça super cool, c’est encourageant.

Parmi tes petits personnages hauts en couleurs, on retrouve souvent des corps de femme. Pourquoi ce choix ? D’où est venue l’inspiration pour créer cet univers qui t’es propre ?

C’est un mélange de beaucoup de choses. Déjà au niveau des corps des femmes, les gens remarqueront tout de suite que ce sont des corps très rachitiques, très maigres, et c’est vraiment une vision de mon propre corps. Des fois j’essaie de faire des corps un peu plus rond, un peu plus modelés, mais je ne vais pas réussir parce que ça va toujours finir par un bras un peu plus mince…
Après au niveau de la femme, la manière dont elle est représentée dans mes toiles, c’est ma vision de la femme, dans le sens où elle est libre, elle fait ce qu’elle veut ; elle a des poils sous les bras, elle s’en fout, c’est comme ça. Alors des fois ça choque, des fois ça ne choque pas. Ça dépend des gens, de leur ouverture d’esprit…
Après au niveau des petits montres, c’est le premier truc que j’ai commencé à faire. Comme je dis toujours, c’est du dessin enfantin avec une mentalité d’adulte. Je vais avoir un trait qui ne sera pas forcément droit, qui va partir un peu dans tous les sens, avec beaucoup de couleurs qui attirent l’attention.
Maintenant, je travaille aussi avec des couleurs phosphorescentes.
Voilà un peu mon univers ; ça a commencé par les petits monstres, pour ensuite dévier sur la femme et bientôt l’homme que je travaille en ce moment.

Y a-t-il des artistes qui t’ont inspiré, et qui t’inspirent encore aujourd’hui ?

Kashink a été ma plus grande source d’inspiration. Après il y a Lalasaïdko au niveau des couleurs, de l’esprit un peu asiatique, manga. Je l’ai découvert sur Montreuil avec ses graffs et ça a été aussi une de mes plus grandes inspirations. Je parle beaucoup des street artistes femmes mais il y aussi des street artistes hommes qui m’ont beaucoup bouleversés. TITO/MULK par exemple, ce sont deux street artistes de Paris qui font des accumulations d’éléments, de personnages dans leurs toiles, toujours en noir et blanc. Ce sont deux artistes qui sont complètement perchés, ce sont de vrais amours.

Souhaites-tu faire passer un message à travers tes oeuvres ?

Oui et non. Non parce que je suis dans une optique où je ne me prends pas la tête, je fais ce qui me plaît. J’adore la couleur, je fais des trucs qui pètent, des trucs grands etc…
Après oui, j’ai envie de faire passer un message dans le sens où mes corps de femmes ça représente la femme comme on n’a pas l’habitude de voir et comme moi j’ai envie qu’on ait l’habitude de voir. Parce qu’il y a énormément de femmes dans le monde, elles sont toutes différentes et faut aussi retenir ça !

Peux-tu nous parler un peu de cette exposition ?

Déjà, j’ai voulu varier les formats parce que j’avais envie de travailler sur des toiles plus grandes que ce que j’ai l’habitude de faire. Après, les toiles n’ont pas de lien particulier entre elles. C’est sur un coup de tête, j’avais une idée, je voulais la mettre en toile, je l’ai mis en toile.
J’ai travaillé sur mes nouveaux personnages, sur les corps de femmes, j’ai aussi essayé de mettre mes personnages dans des situations différentes. Par exemple, pour la toile avec la baignoire, c’est la première fois que je ne montre pas un visage.

Quand on me propose des expos comme ça, l’inspiration me vient tout de suite ; et comme je dis aux gens, c’est no prise de tête.

C’est quoi ton actualité pour les prochaines semaines ?

C’est un peu au jour le jour. Là j’ai une exposition qui va se faire à Paris au mois de Février, où je ne pourrais malheureusement pas être là. Ensuite, j’ai deux nouvelles expos sur Bordeaux, que je suis en train de préparer. Sinon beaucoup de graffs, je compte aussi me remettre au collage, pour coller un petit peu partout dans Bordeaux.
Donc beaucoup de collages, de street art et d’expos pour ce début d’année.

Pour finir, pourquoi ce pseudo ?

9136 c’était le digicode pour aller chez ma grand-mère. Quand on était petit avec mes frères et soeurs on se battait pour aller le faire parce qu’on trouvait ça amusant de cliquer sur les boutons. Et quand moi je pouvais pas le faire, je fermais la porte pour pouvoir le refaire… donc c’est vraiment un souvenir.

Retrouvez l’univers de 9136 sur les réseaux sociaux et sur son site internet.

Facebook : 9136art
Instagram : @9136art
Site internet : http://9136art.blogspot.fr