GERMAIN PREVOST ALIAS IPIN
plasticien-performeur mural, sculpteur de chaos
Ipin alias Germain Prévost, néé en 1981, est un artiste hétérodoxe.
Au début des années 2000, G. alias I. a partagé sa formation entre aller peindre dans des friches industrielles et valider un master Environnement et Société à Marseille.
A la frontière entre Art Urbain et Art Contemporain, il nous offre dans ses travaux un regard critique du monde dans lequel nous vivons.
Bien qu’utilisant maintenant un vocabulaire abstrait, il nous parle bel et bien de l’Homme et de sa place dans la Société.
Rencontré lors de sa performance au MUR de Bordeaux (performance numéro 37), Alias Ipin « ALIAS » Germain Prévost, nous à démontré son envie de faire face aux règles et aux conventions…
La fresque sera visible jusqu’au 17/03.
Tu peux nous expliquer ton blaze ?
Mon pseudo était tout d’abord « ipin2 » avec le jeu de mot : “Il peint tout dans la rue” donc “ipin”, Alias Ipin, comme un nom à particule histoire de lui donner de l’envergure. Rien de fantastique comme histoire ! Lol.
Ton parcours ? Ça fait combien de temps que tu peints ?
J’ai commencé au début des années 2000 à la Ciotat poussé par un ami à faire du graffiti dans les friches, ensuite, j’ai été pris de passion alors j’ai continué avec plein d’explorations différentes, de styles différents, période fresque en terrain vague, période rue, période collage, toujours en quête de photographie… Placer les éléments dans un paysage.
Je recherchai beaucoup la photo, ensuite j’ai eu des collaborations avec des compagnies dans le spectacle vivant comme pour nbe cité que la plus connue « komplex kapharnaüm ». Spectacle de rue, mise en scène l’art urbain de manière spectaculaire comme avec les canons à peinture aka le » FATPOCH » projet que nous avons imaginé et initié avec Thomas Nomballais, ces canons et ces perf, nous les avons faits ensemble, j’ai aussi découvert avec un ami artificier qui s’appelle Thomas Longalet, qui fait beaucoup de performance avec des canons à peinture. Ensuite, je suis reparti sur un travail sur toile, et de ce travail je retourne sur les murs! Avec l’idée de représenter, illustrer la notion, de bousculer l’ordre établi… Seulement de manière abstraite.
Tu fais de la photo ?
Comme beaucoup pour documenter mon boulot, mais c’est une partie que je soigne avec précision car c’est le début pour moi de mes interventions, ça va être : l’endroit, la photo, je fais donc ma photo, et je bosse autour de cette image. Et je termine par la photo finale. Le lieu est souvent mon point de départ.
Tu te mets dans quel courant artistique ? Car là, au MUR on a l’impression d’art contemporain…
Oui c’est sur je ne suis plus du tout dans les codes du graffiti, plus de bombe, plus de blaze signé, pas de figuratif. C’est plutôt conceptuel, comme vous allez le voir ce soir, abstrait aussi.
Tes inspirations ? Artistes ou autres ?
Un des gars que j’ai envie de citer de suite c’est EastEric il vient des alentours de Colmar qui fait un travail fantastique depuis super longtemps, avec une solide réflexion et une sacrée connaissance de l’histoire de l’art je pense dans ce qu’il propose… J’aime bien son travail.
C’est un gars qui n’est pas assez reconnu par rapport à la qualité de son travail. J’aime beaucoup photographier tous les accidents que je vais trouver dans l’espace urbain. Je vis dans une recherche autour du motif et d’une recherche autour de l’accident dans le motif. C’est espèce de manière d’illustrer cette idée de bousculer l’ordre établi, je cherche les endroits où le cadre et le linéaire déconne.
Très inspiré par cette idée du truc qui bug un peu, qui part en couille. Mais tout m’inspire beaucoup. On est tous nourris de plein de chose, tout le travail de mes confrères, je regarde énormément tout ce qui se fait autour de moi, et je me positionne au milieu de tout ça.
Je travaille beaucoup aussi autour de Victor Vasarely, (même si il est très officiel) il est très important pour moi car c’est un des premiers artistes car c’est un des premiers à avoir investi l’espace public en France, donc il était très officiel. Il a designé des pièces françaises, des timbres, enfin quelqu’un d’établi.. Et dans l’histoire que je me raconte c’est en fait une vision du futur assez rassurante avec cet art optique qui donne une vision fantasmé de la vie parfaite. C’est comme ça que je le vois, aujourd’hui mon idée est de remettre de l’émotion dans une thématique froide de l’art optique.
Comment cette utopie du schéma parfait vient te bousculer par la vie ? Car la vie n’est pas si utopique qu’on peut la ressentir dans ce tableau. Souvent on me parle de Vasarely quand on voit mon travail, mais il y a toujours cet accident qui vient foutre sacrément le bordel.
Tu as fondé le MUR du fond à Marseille ? Ou peut-être initié le projet ?
Alors il y a le MUR du fond à Marseille qui a été monté par l’association “Juxtapose” il y a quelques années et avec un amie “STF Moscato”, on a monté un deuxième MUR à la cité des Arts de la Rue. Le premier est un peu en « stand by », je ne sais pas s’ils ont une grosse actualité. L’idée n’était pas de les concurrencer mais moi j’ai la chance d’être résident à la cité de Arts de la Rue à Marseille et en fait, me retrouver dans cette institution je trouvai dommage que l’art urbain ne soit pas représenté dans cet univers qui est plus autour du spectacle de rue, vivant etc… Et donc c’est dans ce sens-là qu’on à ouvert ce MUR, on est plus dans une friche, un lieu fermé avec beaucoup d’espace, on favorise des croisements, on invite des artistes et on les accompagne au de la peinture sur les murs, de mixer d’autres mediums, du mapping par exemple.
Pour les gens qui passent devant le MUR de Bordeaux, tu veux apporter quoi ?
Là on est dans une première étape parfaite, quelque chose de rassurant… La deuxième étape tout à l’heure le sera moins, ça va beaucoup se transformer.
Tu as un objectif avec ce MUR ?
Oui bien sûr, la peinture peut être la manière d’exprimer les choses qu’on n’arrive pas à faire dans la vie. J’ai de grosses envie de désobéissances, j’exprime une certaine rébellion par rapport au cadre. Les gens doivent réfléchir à l’esthétique et à l’ordre… Et pourquoi une tâche qui coule serait moins séduisante qu’un carré propre ?? C’est un peu contre la décoration, c’est après que je vais contraster !
C’est un peu l’histoire du petit garçon qui construit son château en brique parfaites et puis qu’à la fin il va donner un gros coup de pieds dedans car ça va lui faire énormément de bien..
C’est aussi à moi ma thérapie !
Tu veux ajouter quelque chose ?
Ta vision de l’art urbain ? Quand on parle de Street art ?
Les définitions… Ce n’est pas un débat qui m’intéresse beaucoup. On essaie de nous faire rentrer dans une case pour ranger les choses, mais j’y attache peu d’intérêt. Il faut arrêter de se faire des nœuds avec des choses de ce type…
Je pense surtout qu’il est important de garder notre liberté d’expression, le fait de peindre dans la rue transgresse les codes, mais avec l’art urbain qui devient de plus en plus de l’ordre de la commande publique… C’est quelques choses qui est de la responsabilité des artistes et aussi des programmateurs, c’est à dire qu’ils restent attentif et ne pas confondre art urbain et déco urbaine… Faire confiance aux artistes avec une totale liberté.
Attention aussi aux artistes à ne pas chercher à plaire, et rester intègre à leur démarche, c’est vite le travers qu’on peut avoir.
Je préfère peindre en extérieur, ça m’éclate par rapport au format.
Dans le concept du MUR ce que j’aime c’est que tu vas chercher un artiste pour son travail et puis après tu lui fais confiance…
Plus d’infos sur l’artiste :
Site web : http://aliasipin.com/
Facebook : https://www.facebook.com/ALIAS-IPIN-272507312773639/
Facebook Le Mur du Fond Marseille :
Instagram : https://www.instagram.com/explore/tags/germanolo-alias-ipin/?hl=te