Salut Ponxe, on est venus jeudi dernier au vernissage de ta toute première exposition “Réunion de famille” à la galerie du Pop-Up (du 5 au 9 septembre 2019). Avant de s’y pencher, peux-tu nous peux-tu nous parler un peu ton parcours ?
Je suis sorti de l’EPSAA (école de graphisme) en 2015, j’étais dans la même prépa que Bebar et Yakes. On a fait une année ensemble puis après Bebar est parti étudier à l’école des arts décoratifs de Paris et avec Yakes on est restés en études supérieures à l’EPSAA et on a gardé une connexion comme ça. Et c’est notamment grâce à Yakes que j’ai connu Urban Art Paris !
Il m’a parlé Label Valette Festival et de la possibilité de peindre pour la première fois sur les dortoirs du domaine, et j’ai rencontré ainsi toute l’équipe.
Comment t’es-tu lancé, plutôt avec l’illustration ou le street art ?
Comme l’EPSAA est plutôt généraliste on a fait pas mal de direction artistique de type graphisme, illustration, photo, mais j’ai quand même plus un penchant dessin. Et de me lancer avec l’illustration était assez naturel pour moi. Pour le street art c’est Yakes qui m’a emmené, j’ai commencé avec lui il y a 5/6 ans puis j’ai continué tout seul ma pratique du graffiti mais j’ai rencontré Boku et Rister avec qui ça a bien accroché. Finalement, j’ai plus peint en groupe que seul.
Pratiquant aussi bien l’illustration que le street art, as-tu une préférence entre les deux ?
Non car je trouve que ce sont deux choses vraiment bien distinctes, qui nécessitent du temps pour les appréhender mais j’aime bien travailler les deux car je suis quelqu’un d’assez « touche à tout » et j’aime pouvoir trouver du plaisir dans ce que je fais.
Je me suis aussi mis à la peinture. Il y a une expo de programmée à Dax en novembre. Peindre sur toile est une grande première pour moi ! Je n’ai toujours fait que des dessins en formats plutôt humbles. C’est tout nouveau !
“Réunion de famille” représente une famille bien complète ! Tu prépares cette exposition depuis combien de temps ?
J’ai commencé à dessiner les personnages depuis décembre 2018, au départ c’était pour changer un peu de style, pour essayer de trouver quelque chose de différent dans la façon de dessiner mes personnages. Et cette série s’est trouvée assez rapidement, j’ai été très satisfait du premier jet.
Murielle, Méandre, Rodrigue, Probiotik, Séraphine… tous sont des personnages originaux représentant chacun à leur manière, mais toujours sur le ton de l’humour, un cliché qu’on a toutes et tous déjà croisé un jour ou l’autre. Comment trouves-tu ton inspiration ?
J’en dessine depuis longtemps, c’est quelque chose que je fais souvent. On va dire que c’est une accumulation de recherches que je fais constamment en fait. Je sors des dessins réflexes que je fais dans mes carnets et qui ressortent en plus aboutis. Mais il y a aussi pas mal d’artistes qui m’inspirent notamment Claude Ponti.
J’essaie de transmettre des émotions car c’est souvent assez stoïque et en rajoutant d’autres éléments, telles que les petites histoires, j’essaie de transmettre quelque chose.
En lisant les petites histoires, qui nous ont fait rire, il faut bien le dire, on se demandait : pars-tu de l’idée de l’histoire pour dessiner tes personnages, ou vice-versa ?
Je suis parti du dessin car c’est la base de mon travail, et j’ai raconté les histoires de chacun après en fonction de ce qui ressort du dessin.
Est-ce que Conspyramide, Irma, Baba Yoga, Paul-Pot auront des cousins, des frères/sœurs ou amis ? As-tu d’autres personnages en tête pour compléter la famille ?
La famille est au complet, c’est fini ! Il y a aura peut-être une autre famille plus tard. J’ai aussi pour projet de mettre tous ces personnages en situation du type au zoo, au marché, dans la rue, etc. Ils sont tous liés par un lien quelconque que l’on peut découvrir dans le livret « Réunion de famille ».
En créant cette exposition avais-tu un objectif particulier ?
De montrer le travail que j’ai réalisé ces trois derniers mois, un travail « surprise » car je n’ai rien voulu montrer avant le vernissage. Ce qui est bien avec l’exposition c’est de voir les gens s’approprier les personnages, de rire devant les histoires, se retrouver dans un trait de caractère et c’est génial de voir ça !
Dans ton travail on remarque un côté assez enfantin, doux et ce même si des personnages sont tristes. Tu peux nous parler de cet univers graphique qui t’es propre ?
J’ai lu beaucoup de BD, regardé beaucoup de dessins animés, et c’est quelque chose qui est resté. Par le dessin on a aussi beaucoup appris à revenir à un trait plus naïf, plus instinctif. Pourtant cet aspect à l’enfant est un peu contrebalancé car on m’a aussi dit que mes dessins ont parfois un côté sombre qui ressortait.
On a remarqué sur tes illustrations, tes oeuvres murales, que tu utilises souvent des couleurs pastelles, c’est un choix de ta part ?
Parfois je me dis que je ne travaille pas assez la couleur. Mais j’aime bien avoir des couleurs bien tranchées, bien différenciées et effectivement ne pas avoir une palette énorme pour pouvoir me restreindre et jouer avec cette contrainte. J’utilise beaucoup les couleurs de la sérigraphie, un jaune, un vert, un rouge, un bleu, mais ce sont des choix plutôt inconscients.
Crayon, spray, avec lequel te sens-tu plus à l’aise ?
Crayon, stylo, spray, broderie, peinture, 3D, j’essaie d’être à l’aise un peu dans tout et ne pas être forcément spécialiste de quelque chose en particulier, de développer mon savoir-faire le plus possible peu importe le support. Pour la 3D c’est quelque chose que j’avais étudié au lycée, puis je m’y suis remis à l’EPSAA et j’ai continué avec des tutos sur Youtube. J’aimerais l’utiliser comme un support différent et avoir du choix pour mixer le style traditionnel (dessin) et 3D qui viendrait s’y rajouter. J’ai déjà fait un graff en réalité augmenté aussi, qui pourrait être en projet pour une future exposition.
Tes dessins et tes petites histoires on les imagine bien dans un livre. A part ton livret « Réunion de famille », as-tu pour projet un livre avec une histoire plus longue ?
Ce n’est pas encore en projet, j’avoue bien aimer quand les histoires sont courtes et je n’ai pas encore un scénario en tête mais on me l’a beaucoup dit et demandé. C’est à réfléchir !
Dernière question avant de te laisser dessiner sur ton carnet. As-tu un rêve ? Des projets ?
Continuer à faire ce que j’aime et voir les gens satisfaits par mon travail, qu’ils puissent se l’approprier et se raconter leurs propres histoires.
Pour les projets il y a l’exposition à Dax en novembre prochain, et un livre co-dessiné avec Yakes et écrit par une certaine Alice pour 2020.
Nadège Larcher