Quel avenir pour nos enfants ? Comment faire face aux bouleversements mondiaux qui laissent présager un avenir incertain et nébuleux ? Quel héritage souhaitons-nous offrir aux générations futures ?
Notre monde change, évolue, s’adapte, car menacé, voire maltraité par des bouleversements climatiques, politiques et sociaux. Devons-nous céder au fatalisme ambiant ou proposer a contrario des solutions idoines dans le but de conserver et soigner cette terre nourricière si chère à la déesse Gaïa?
Nous avons invité cinq street artistes à explorer au travers de triptyques, des thématiques aux enjeux actuels et décisifs, pour mieux saisir leurs visions et perspectives personnelles d’un avenir collectif.
Les flash interviews réalisées à cette occasion dévoilent de manière évanescente leurs pensées et convictions.
Le deuxième épisode est consacré à Caroline Derveaux.
[Episode 2] Flash interview Caroline Derveaux
Bienvenue dans le monde onirique de Caroline Derveaux : architectures géométriques colorées, traduction abstraite des sensations de son enfance. Mémoire et souvenir cohabitent. Ces constructions de l’esprit d’où émergent une multitude de perspectives et de plans, des jeux sur la dualité des supports symétriques, forment des ossatures hypnotiques. Vides de personnages, ces mondes happent les regards vagabonds qui se promènent dans les dédales des formes et des couleurs.
Quelle histoire veux-tu nous raconter autour de la thématique « Quel avenir pour nos enfants » ?
Quel serait notre monde si les femmes n’avaient plus à craindre des hommes ?
Si les structures de pouvoir, finement ciselées, se renversaient et permettaient à la moitié de l’humanité de ne plus souffrir du fait d’être une femme.
Herland est un triptyque basé sur le livre éponyme de Charlotte Perkins Gilman, récit de science-fiction environnementale, féministe, qui décrit une société essentiellement composée de femmes se reproduisant par parthénogenèse.
Ce livre utopique fait écho à un autre recueil de science-fiction féministe, Le Pouvoir de Naomi Alderman, qui questionne également les rapports de domination et de pouvoir.
La question derrière ce tableau et ces récits étant : quand est-ce que l’utopie s’arrête-t-elle et que la dystopie commence ?
Quel message veux-tu faire passer aux enfants de 2020 ?
La lutte continue, encore et toujours, le poing levé.
Comment te vois-tu dans le futur ?
Je m’imagine travailler à une échelle plus monumentale et de travailler davantage le figuratif dans la narration de mon travail.
Pour toi, est-ce que l’art est utile à la société ?
L’art est bien évidemment un pilier essentiel de la société : c’est la création, la transmission.
Quel est le rôle de l’artiste ?
D’être un liant, un observateur, de zoomer et dézoomer sur ce qui nous entoure.
Quels styles et outils utilises-tu pour raconter tes histoires et sur quel support ?
J’utilise l’abstrait et des formes aux couleurs vives pour susciter des émotions spontanées. J’aime depuis plusieurs années réaliser des formats imposants, tel des murs de plusieurs dizaines de mètres de long, et plus récemment des toiles à taille humaine. Je me retrouve entre un désir de monumental et d’intimité.
Quel est ton conte préféré ?
Le conte le plus marquant de mon enfance restera La petite fille aux allumettes* de Hans Christian Andersen. Je me souviens de ma tristesse liée à ce conte et je crois que ça a été mon introduction au pouvoir de l’imagination et à l’injustice.
*A travers ce conte de Noël, Hans Christian Andersen a non seulement voulu montrer la misère du peuple danois au XIXème siècle mais également la fine frontière entre le réel et l’iréel.
As-tu une histoire à raconter à nous, les grands enfants ?
Dans la rue, on nous raconte plein d’histoires en ce moment sur les féminicides. Elles commencent souvent par un nom, un âge. Ces quelques mots me font l’effet d’une bombe.
Merci Caroline Derveaux !
[Prochain flash interview : Rister]