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Excursion historique dans le hip-hop français par Thomas Blondeau

Du terrain vague de La Chapelle à la scène des Victoires de la musique, le hip-hop « en  France » est devenu un « hip-hop français ». Voici son histoire, racontée par le journaliste spécialisé Thomas Blondeau.


Une plongée au cœur du hip-hop

Pas facile de brosser le portrait d’une culture aussi vaste. Pourtant, dans Hip-Hop, une histoire française, Thomas Blondeau a réussi à retracer trois décennies d’ébullition de ce mouvement dans un livre grand format, superbement illustré. Le titre du livre, lui-même, est engageant. Et son ambition est claire : rendre digeste et accessible le récit de 30 ans d’histoire de cette culture aussi dense et compliquée. De la fameuse émission « HIP HOP » présenté en 1984 par Sidney sur TF1, à Nekfeu ou Orelsan en passant évidemment par NTM et IAM, sans oublier l’ascension du breakdance français avec Lilou, l’auteur mêle les parcours des rappeurs, graffeurs, danseurs et DJs en France.  Ainsi, le hip-hop « s’est durablement installé ici, lorsqu’il a compris, après moult colères, qu’il ne sonnerait jamais aussi justement qu’en s’inventant une version propre, en adoptant diction et musiques américaines aux dimensions de son patrimoine hexagonal ».

L’une des forces de l’ouvrage réside dans la capacité de l’auteur à ne pas avoir figé son récit. Émaillé d’archives, de nombreux entretiens réalisés auprès des artistes, producteurs, DJs, professionnels de l’industrie du disque, l’auteur raconte, de la manière la plus fidèle possible, comment le rap s’est frayé un chemin jusqu’à devenir le genre le plus écouté en France. Dans ce travail monumental, Thomas Blondeau montre aussi que le hip-hop français a grandi dans la douleur. Il affiche le désamour entre hip-hop et médias, mentionne les difficultés rencontrées par IAM suite à la sortie de Je danse le Mia et énumère les différends entre rappeurs, graffeurs et « la maréchaussée ». C’est aussi dans ces moments compliqués qu’il s’est montré le plus créatif, trouvant des moyens de s’exprimer hors des circuits habituels.

Un « beau livre » dédié au hip-hop

La volonté de s’adresser aux néophytes est clairement affichée par une mise en page très esthétique et synthétique, semblable à un magazine. Il offre des focus qui viennent animer la lecture, qui font qu’on peut prendre le bouquin de travers, voire à l’envers : principe même de ce qu’on appelle le « beau livre » dans l’édition. Néanmoins, l’auteur a pris le soin de distiller des passages, citations ou anecdotes qui intéresseront vivement les spécialistes.

L’iconographie, très réussie, a également une place importante dans cet ouvrage. Le journaliste ne se contente pas juste de dire qui est sur la photo : il relate qui est là, pourquoi, à quel moment et cela raconte des pépites de l’émulation du hip-hop. Les témoignages photographiques (Mat Jacob, Pierre Terrason,…) apportent une force supplémentaire incroyable avec des photos rares et précieuses d’un milieu et d’une jeunesse en pleine effervescence.

Partant du principe que ce sont aussi les petites histoires qui construisent la grande, Thomas Blondeau nous livre une œuvre aussi passionnante qu’instructive. La large place aux archives visuelles d’une qualité rare fait du bouquin une œuvre remarquable. Exhaustif, il raconte qu’il y a plusieurs années, un ovni appelé « hip-hop » a débarqué en France, s’y est installé, s’y est adapté pour devenir une identité propre et forte de nos sociétés contemporaines. HIP HOP, une histoire française est le livre d’une histoire mais aussi un livre d’histoires où l’imaginaire du beau livre a joué son rôle. Nous vous le recommandons chaudement.


A propos de l’auteur :

Connu pour ses faits d’armes dans la presse spécialisée chez R.E.R, puis en tant que rédacteur en chef de Radikal, Thomas Blondeau continue de prendre le pouls de cette culture qui le passionne pour des médias généralistes tels que Le Monde diplomatique, Les Inrockuptibles, Radio France ou encore Libération. Il a également publié :