Wild Drawing, aka WD, est le troisième artiste de notre série graffiti consacrée à Athènes. Il est né et a grandi à Bali, en Indonésie. Actuellement basé à Athènes, lorsque l’on se renseigne sur l’art urbain grec, son nom et ses œuvres apparaissent immédiatement !
Diplômé des beaux-arts et en arts appliqués, il a commencé à peindre dans la rue en 2000. Depuis, il y passe la plupart de son temps, mais il n’a jamais abandonné son travail en studio. Son style est particulièrement reconnaissable. Il se concentre sur des peintures murales à grande échelle, réalisées essentiellement au rouleau et à la peinture acrylique.
Il interagit aussi toujours avec l’endroit où il travaille, en incorporant divers éléments de celui-ci dans son œuvre. Son objectif étant qu’il y ait une harmonie entre la peinture murale et l’endroit où elle a été créée.
Ses œuvres, principalement des anamorphoses en 3D, sont influencées par les bandes dessinées, les romans graphiques et l’art fantastique. Mais, il s’inspire aussi principalement de phénomènes sociaux, du mode de vie, de l’art ou de la nature. C’est d’ailleurs ce qui frappe directement l’œil quand on se retrouve face à l’une de ses œuvres.
Ce qu’il aime le plus dans le fait de peindre dans la rue, c’est la liberté d’expression unique et le fait que le Street Art soit accessible à tous sans aucune limitation sociale, économique, culturelle ou autre. C’est ce qui lui donne la possibilité de parler de la réappropriation de l’espace public. Tout cela compense la nature éphémère de son art.
Son talent lui a permis participé à des festivals et à des expositions en Asie, en Europe et en Amérique. Nous avons eu la chance de pouvoir lui poser des questions sur son travail et sur son processus créatif. On vous laisse découvrir ses anecdotes juste ici !
Tes peintures murales semblent raconter des histoires, de quoi t’inspires-tu ?
Pour ce qui est des histoires-thèmes de mes peintures murales, je m’inspire beaucoup des phénomènes sociaux, du style de vie, de l’art ou de la nature. Et pour ce qui est de la technique 3D, beaucoup de grands-maîtres comme Michel-Ange et son travail dans la chapelle Sixtine – sont devenus une source d’inspiration importante pour moi. Par ailleurs, j’aime les bandes dessinées et les romans graphiques. J’aime les lires et parfois les dessiner. Des artistes comme Moebius ou Toppi ont également influencé mon travail.
Et tes histoires ont-elles un lien avec le lieu dans lequel tu peins ?
Oui, je fais souvent des recherches sur la ville, le quartier ou le bâtiment dans lequel je vais travailler. J’essaye de relier la fresque à la communauté locale.
Cependant, parfois, cela ne suffit pas. Comme dans le cas de la fresque « Girl behind the Chimney » pour le Grenoble Street art Festival (2019).
Lorsque le Grenoble Street art Festival m’a proposé la fresque pour la première fois, j’étais enthousiaste ! En effet, le projet était assez délicat et m’a donné beaucoup d’inspiration et de créativité.
Lorsque j’ai envoyé le projet, toutes les parties – le festival, le propriétaire du bâtiment et l’église qui possède la cheminée – ont dit oui. Mais quelques semaines plus tard, alors que même les peintures pour la fresque avaient été achetées, le festival m’a recontacté pour m’annoncer que l’église avait changé d’avis, qu’elle avait rejeté le projet et que je n’étais pas autorisé à peindre à cet endroit.
À propos, le projet était lié à la science, car Grenoble est un centre scientifique important. Il s’agissait d’électricité et de lumière, et Apollon (le dieu de la lumière selon la mythologie grecque ancienne) faisait partie de la fresque. Après ce fait, le festival m’a proposé un autre mur, un mur simple, que je n’ai pas trouvé aussi inspirant.
J’ai donc décidé de relever le défi ! Peindre quelque chose dont je serais fier, sans toucher à la cheminée, propriété interdite de l’église. Il m’a fallu du temps pour trouver l’idée… Je n’avais pas le droit de peindre sur la cheminée, mais personne ne pouvait m’interdire d’inclure la cheminée dans ma peinture murale. J’ai donc utilisé la cheminée « interdite » comme partie de la harpe et la fresque « Girl behind the chimney » était née. En fin de compte, ce qui est amusant, c’est que même certaines personnes liées à l’organisation de l’Église m’ont dit qu’elles aimaient la fresque ! Mais en même temps, ils étaient assez embarrassés par les médias locaux qui avaient exposé leur refus et ils étaient inquiets de l’impact de cette publicité.
Tu travailles beaucoup l’illusion d’optique, comment investis-tu ton support ? Comment t’adaptes-tu à ton environnement ?
Le plus important est le lieu. Une fois que je l’ai trouvé, je vérifie tous les détails du mur, tous les éléments qui lui sont liés comme les fenêtres ou les tuyaux, sa forme architecturale, etc. Comme l’objectif principal d’une œuvre en 3D est de « tromper l’œil » par une illusion visuelle, les calculs jouent un rôle très important ; en fait, quelques connaissances de base en matière d’espace ou de perspective sont nécessaires pour créer une nouvelle profondeur d’espace sur la surface du mur. Je commence donc par peindre la partie illusion de l’arrière-plan. Puis, je continue avec le sujet principal de la fresque en essayant toujours de le faire correspondre à l’espace illusoire que j’ai créé en arrière-plan.
Un grand merci à WD pour son enthousiasme lors de cette interview ! Et à Katrin Karipidou, sa chef de projet, pour toutes les informations supplémentaires qu’elle m’a fourni.
Pour en savoir plus sur l’artiste et pour suivre son actualité, consultez le site : wdstreetart.com Et ses réseaux sociaux : ig wd_wilddrawing ; fb WD street art ; youtube WD – Wild Drawing
Échange traduit de l’anglais au français par Oksana Monteiro Peixoto
