Urban Art Fair – Chapitre I : Rencontre et portrait chinois avec Miss.Tic

Urban Art Fair est la première foire internationale uniquement dédiée à l’art urbain. Pour sa deuxième édition parisienne, l’événement s’est invité au Carreau du Temple du 20 au 23 avril 2017. Un show unique constitué d’une trentaine de galeries où se côtoyaient Banksy, Cope2, Quick, Monkey Bird, Seth, Jef Aerosol et bien d’autres encore. A l’occasion de ce rendez-vous, la rédaction vous propose une rétrospective articulée en 2 chapitres : Rencontre et portrait chinois avec Miss.Tic et De Paris à São Paulo avec Cranio

Chapitre I : Rencontre et portrait chinois avec Miss.Tic

"La réciprocité est un mystère"

Miss.Tic

 

Quel est votre parcours en quelques phrases ?

Difficile de résumer 30 ans en quelques phrases… Tout a commencé dans les années 1980, je faisais partie du premier mouvement à lancer l’art urbain en France avec les collectif VLP (Vive La Peinture), les Frères Ripoulins ou encore Jérôme Mesnagers. Grâce à la rue nous avons tous bénéficié d’une grande visibilité, rapide et efficace. En ce qui me concerne j’ai posé mon premier dessin et mon premier texte au début de l’année 1985 et six mois plus tard j’exposais à la galerie Agnès B. Depuis cette exposition mon travail n’a pas cessé que ce soit dans la rue ou ailleurs. Ceci-dit le problème qui se posait à cette époque était la reconnaissance du mouvement. L’art urbain a tardé à se faire accepter par les professionnels et il a fallu beaucoup de temps pour qu’il soit admis comme un art. On me demande d’ailleurs souvent d’expliquer le passage de la rue à la galerie. Dans mon cas cela tout s’est produit simultanément. Selon moi c’est une fausse question car les choses ne s’annulent pas entre elles, au contraire elles s’enrichissent. Mon travail de rue nourrit mon travail d’atelier et vice versa.

 

Quel est votre processus artistique ?

Ma technique laisse peu de place à l’improvisation. Le pochoir demande un gros travail de dessin, de même que le texte implique une importante réflexion d’écriture. Toute cette élaboration se déroule à l’atelier avant d’en venir à la réalisation.

 

Quel est le point de départ de création, le dessin ou une phrase ?

Là-dessus je n’ai pas de règle. Parfois j’écris et certaines phrases m’inspirent des dessins tandis que parfois c’est l’inverse. Cela dépend de l’inspiration.

 

Qui sont les femmes représentées ?

On pourrait croire qu’il y a une imagerie de la femme cependant si les modèles sont mis côte à côte on s’aperçoit qu’ils sont différents. Le seul point commun de ces images, à partir desquelles je travaille, est de provenir des médias c’est-à-dire de la publicité ou de la mode. Ce sont toujours de très jolies filles, des canons d’une certaine beauté qu’on nous donne à voir et que je détourne en leur donnant une pensée.

 

Que cachent ces pensées au ton provocateur ?

J’essaye d’interroger, de créer, de faire rêver. Le rôle principal d’un artiste à mon sens est celui de questionner le monde. Encore une fois les choses ne s’annulent pas entre elles car j’adore la peinture décorative mais ceci-dit mon but est de provoquer. Voilà ce que j’appelle de l’art avec un grand A.

 

Miss.TIc

Miss.Tic

La scène du street art est davantage occupée par les hommes. Quel a été votre ressenti en tant que femme ?

Pendant des années je pense avoir été la seule en France. Aux États-Unis il y avait Lady Pink mais on ne s’est jamais rencontrées, j’ai donc évolué dans un milieu masculin. La relation avec les autres artistes se passait bien. Il existe évidemment des exceptions comme il peut y en avoir dans un groupe de garçons. On a tous plus ou moins de sympathie entre les uns et les autres. A l’inverse j’ai plutôt perçu du machisme chez les professionnels. Quelque chose qui pour moi est général aux arts plastiques et non seulement au street art. Je pense qu’Annette Messager ou Orlan pourront vous dire la même chose. C’est peut-être pour cela que nous sommes peu nombreuses car souvent mal considérées et très vite classées « peinture de femme »… Pourtant en littérature ou en musique cette différence homme-femme n’est pas présente.

 

Avez-vous une anecdote personnelle à partager ?

J’apprécie particulièrement dans ce métier les rencontres. Grâce à mon activité j’ai pu approcher des artistes ou des créateurs pour qui j’avais de l’admiration comme Ben ou Jacques Villeglé. Dans d’autres secteurs j’ai travaillé par exemple avec Marc Jacobs ou Chabrol. Rencontrer des personnes qui font des créations puissantes fait partie des moments de la vie qu’on retient.

 

Quelle est votre vision du street art aujourd’hui ?

Depuis une dizaine d’années je trouve qu’un coup de projecteur a été donné au street art notamment via Banksy et les anglais. Je pense que cela a participé à l’essor du mouvement en France et au fait que les professionnels aient enfin commencé à nous prendre au sérieux. Une reconnaissance que je trouve ceci-dit bien tardive. De nos jours l’ouverture internationale montre un art riche et varié où de grands artistes sont mis à jour. Cela créé également une émulation car de jeunes talents s’y mettent aussi. En conclusion le bilan est très positif.

 
Portrait chinois

Si vous étiez une couleur : Difficile de choisir. Je serais un arc-en-ciel.

Si vous étiez une saison : Je serais les 4 saisons de Vivaldi car j’aime toutes les saisons.

Si vous étiez un objet : Je serais un bijou.

Si vous étiez un animal : Je serais une chouette.

Si vous étiez une chanson : Je serais Le vent nous portera de Noir Désir.

Si vous étiez un livre : Je serais Le Caillou de Sigolène Vinson. C’est un livre magnifique que je viens de finir.

Si vous étiez un film : Je serais Le Parrain. La trilogie complète.

 

Miss.Tic

Miss.Tic

Restez connectés pour les prochains chapitres. L’histoire continue…