Chapitre II : De Paris à São Paulo avec Cranio.
Peux-tu nous résumer ton histoire ?
Je m’appelle Fabio, je suis né en 1982 à São Paulo au Brésil. J’ai commencé à graffer dans la rue en 1998. Petit à petit j’ai connu une évolution artistique, je me suis détaché du graffiti pour me développer vers du street art figuratif. Avant je ne faisais pratiquement que du lettrage. Mon mode de communication avec la rue était restreint à cette forme d’expression.
D’où est partie cette volonté de tendre vers un art figuratif ?
Je dessine depuis l’âge de mes deux ans. J’ai toujours réalisé différents types de croquis. Au fil du temps je me suis progressivement rendu compte qu’il serait plus intéressant de peindre un mur plutôt que d’y écrire seulement mon nom. J’ai donc commencé à explorer de nouvelles choses et à travailler sur un personnage. J’ai imaginé une icône brésilienne pouvant se différencier du reste du monde.
C’est comme cela que tes indiens ont vu le jour ?
Tout à fait. Il y a toujours ce message de contraste entre l’Amazonie et la jungle urbaine. São Paulo, où j’ai grandi, est une véritable jungle de béton. Le personnage est intégré à la ville comme s’il était dans un environnement naturel, c’est un indien urbain. Il traduit à la fois le quotidien et les situations auxquelles sont soumis les gens lorsqu’ils vivent dans une grande métropole de même qu’il invite à réfléchir sur la préservation de l’Amazonie. La forêt est entrain de disparaître et il est important de la sauvegarder.
Peux-tu me décrypter la sculpture qui est exposée à côté ?
L’indien représenté ici tient une mallette d’argent, il est corrompu. Son téléphone à la main montre qu’il est businessman, c’est quelqu’un de technologique mais également capitaliste car il porte de l’or et des bijoux. On retrouve également d’autres symboles comme le drapeau du Brésil. Similaire à cette oeuvre, j’ai produit un autre indien aux pieds duquel j’ai installé des plantes réelles. Nos racines proviennent de la terre. Cette base végétale symbolise la part de forêt qu’il porte dans son coeur. Comparé à l’échelle de l’Amazonie ce morceau est un échantillon mais il maintient le lien entre la nature et la ville.
Quels sont tes projets à venir ?
J’aimerais produire davantage et essayer différents supports. J’ai débuté la sculpture en fin d’année dernière. C’est quelque chose que je suis encore entrain d’apprendre et pour laquelle j’ai un long chemin devant moi.
Tu as beaucoup voyagé dans ta carrière. Est-ce qu’une ville a particulièrement retenue ton attention ?
J’ai beaucoup aimé Berlin. Il y a un grand respect pour le street art dans cette ville. A l’inverse de Londres ou de Barcelone, ils préservent cet art et ne le recouvrent pas. Les personnes se le sont approprié. C’est un endroit très agréable pour un artiste.
Est-ce qu’il y a une ville où tu rêves de graffer ?
New-York est une ville où j’aimerais aller. Je n’y ai jamais peint. Cette métropole a vu naître le street art ce serait donc un honneur de pouvoir peindre là-bas. De préférence avec des amis.
Pour plus d’information :
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