Federico Sanchez aka « Le Chien Vert » est un artiste peintre autodidacte et talentueux ; sa peinture spontanée met en valeur un des besoins fondamentaux de l’Homme, à savoir, la communication, la relation avec autrui dans une société ultra-connectée, en perte de sens. Dans ses réalisations colorées, Federico Sanchez s’appuie sur la géométrie pour exprimer son art ; un moyen pour lui de stopper l’image de manière originale et moderne.
Rencontré à l’occasion de la performance n°35 du M.U.R de Bordeaux, Federico Sanchez a accepté de nous emmener en balade au cœur de son imaginaire.
Tu as choisi un drôle de pseudo. Pourquoi « Le Chien Vert » ? Quel a été ton parcours ? J’ai vu que tu avais commencé ta carrière artistique par la musique…
Ça vient d’Espagne. En Andalousie, on dit « t’es plus bizarre qu’un chien vert ». Ça se dit avec un accent très rigolo, ça fait mourir de rire tout le monde. Et moi, on m’a toujours dit que j’étais très bizarre, que j’étais un chien vert.
J’ai commencé la musique DJ à l’âge de 17 ans. À 20 ans, j’étais déjà agent d’un groupe de rock, et un an plus tard, je suis parti vivre à Barcelone et à Madrid pendant 10 ans. Là-bas, j’ai continué la musique DJ dans des endroits très branchés, et j’ai aussi travaillé dans le monde de la mode. Par ce biais, j’ai été contact avec des photographes qui m’ont pris entre leurs mains et qui m’ont montré la profession. Puis, à un moment donné, je me suis dit que ce monde-là me paraissait un peu vide. La mode par exemple, je trouvais juste un oeil esthétique à développer, la photographie pareil. C’était esthétique, mais rien de plus. Ça ne me nourrissait pas, alors j’ai arrêté. Je suis revenu à mes sources au Pays Basques, à Saint Sébastien. Un nouveau club venait d’ouvrir. On m’a proposé de travailler là-bas, alors j’y suis allé. Je travaillais trois nuits par semaine mais petit à petit, je me suis détourné de ça, pour m’intéresser à autre chose : le yoga, la méditation.
Comment as-tu commencé le street art ?
Ça s’est fait naturellement. J’ai arrêté de faire de la musique, je suis venu en France, et je me suis mis à peindre. J’ai eu une première phase assez intense, de manière autodidacte.
Par la suite, tu as travaillé avec plusieurs marques. Comment s’est passé cette transition ?
Je sentais que dans le streetwear, il n’y avait pas de mode. Il y avait des thèmes basés dans la culture, dans l’histoire d’un artiste et cela aboutissait le plus souvent à la sortie d’un vêtement en collaboration avec l’artiste en question. Un jour, une marque a fait appel à moi, dans un premier temps pour décorer leurs stands, faire des logos, etc. Puis, cette marque m’a proposé d’aller faire un tour en Espagne pour faire un peu de business. À l’époque, ça me tentait bien, j’aimais bien cette personne et ce qu’elle faisait. Et en Espagne, ça a fait un carton. Alors, au niveau professionnel, les gens ont bien parlé de moi. Rapidement j’ai eu d’autres offres de travail avec des marques importantes, jusqu’à l’arrivée de Obey. J’ai travaillé avec eux pendant 14 ans, je m’occupais de développer le réseau France-Espagne- Portugal, au niveau marketing, de la vente, de la créativité, des évènements, des contacts avec d’autres artistes. J’avais une échéance parce qu’à un moment ou à un autre, je savais que je voulais repeindre.
Pendant quelques années, tu as donc arrêté de produire. Pourquoi es-tu revenu ?
Je suis revenu par manque de sens dans ce que je voyais. Je savais que j’avais envie de peindre à nouveau. Je me rendais compte aussi que le street art, pour certains, était une manière de prendre la rue. Pour d’autres, c’était un moyen de véhiculer des messages. Alors je me suis dit que c’était le bon moment pour aller plus loin, car je suis complètement convaincu que cette société ne changera pas tant que chaque individu n’aura pas fait un travail sur lui-même. Il faut que chacun se prenne en charge pour s’améliorer. La révolution n’est rien d’autre que l’évolution de chacun. De cette façon, les relations s’amélioreront naturellement, de manière douce.
Finalement, je voulais permettre à chacun de se poser des questions, d’évoluer. Je voulais leur donner les clés de l’ouverture d’esprit. C’est le but de mon travail, encore aujourd’hui.
On retrouve souvent dans tes oeuvres ce cône sur la tête de tes personnages. Que représente-t- il ?
C’est l’ouverture d’esprit.
Souvent, je relie aussi les personnages. Ils sont reliés grâce à la conscience et à l’ouverture d’esprit. Ils sont reliés, car lorsqu’on a la conscience de soi, on est relié aux autres, alors que lorsqu’on n’a pas la conscience de soi, on est séparé des autres.
Pourquoi avoir choisi cet oeuvre sur le M.U.R de Bordeaux ?
Ce n’est pas moi qui l’ai choisi, c’est le mur qui l’a choisi.
D’où est venue l’inspiration pour créer cet univers qui t’es propre ?
C’est un univers intérieur. Pour moi cette société va trop vite, elle oublie pleins de choses et elle s’est déconnectée. Moi, j’essaie de mettre un espèce de « stop », de revenir un peu en arrière, mais avec des images qui ont un côté futuriste. C’est une manière d’arrêter l’image de manière moderne. Pour moi, c’est un genre de futurisme primitif.
Des projets pour 2018 ?
En Janvier, j’ai un projet avec Kashink, une artiste qui est déjà venue ici.
Puis le reste, c’est au jour le jour. Finalement, c’est plus le mur qui m’appelle, que moi qui ai des projets.
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Facebook : Fede Sanchez
Instagram : @federicosanchez64