Un projet insolite au cœur du métro parisien

En collaboration avec la RATP, Projet Saato a investi le métro parisien d’œuvres de Street art !

Vous connaissez peut-être cette association, créée en 2014, grâce à son festival Underground Effect. Comptant déjà cinq éditions à son actif, il se tient chaque année à la Défense au mois de septembre. Recevant des artistes du monde entier, présentant la réalisation de fresques en live et proposant divers ateliers, il a accueilli pas moins de 80 000 visiteurs lors de sa dernière édition !

De gauche à droite les fresques de Luis Gomez de Teran, Huariu et Sckaro

Au début de l’année 2020, l’association vous propose de découvrir un projet des plus atypique : une exposition dans la Galerie Valois, avec la participation de douze street artistes internationaux. Dans les années 1900, ce lieu situé dans un couloir du métro à l’arrêt Palais Royal-Musée du Louvre (ligne 1), abritait la première galerie marchande du métro parisien. De style Art Nouveau et longtemps fermée au public, elle a été réinvestie et dédiée à l’art contemporain au début des années 2000. De 40 mètres de long sur 6 mètres de large, elle comprend deux rangées de vitrines, constituées de 12 alcôves d’1,6 mètres de profondeur chacune. C’est à l’intérieur de ces alcôves que les artistes invités par Projet Saato ont pu s’exprimer.

D’univers et de pratiques éclectiques, ils se sont tous inspirés de grands artistes classiques durant leurs carrières. Véritable ode aux œuvres conservées au Louvre, à deux pas de la Galerie Valois, les artistes et leurs fresques « écrivent l’histoire moderne par le prisme historique de l’art pictural » selon Projet Saato. Réalisées par Dourone (Espagne), Vesod (Italie), SatOne (Venezuela), Piet Rodriguez (Belgique), Augustin Kofie (USA), Andrea Ravo Mattoni (Italie), Vile (Portugal), Kan (France), Luis Gomez de Teran (Venezuela), Huariu (Portugal), Sckaro (France) et Belin (Espagne), elles subliment la beauté de ce couloir. Chacun à sa manière, figurative ou abstraite, a su mettre en valeur l’architecture de ce lieu si particulier.

De gauche à droite les fresques de Dourone, Vesod et SatOne

Cette exposition temporaire devrait être visible durant quelques mois, malgré une fermeture liée au COVID-19. De plus, la RATP a lancé un jeu de piste à travers les couloirs du métro, grâce à l’application « RATP Games : digitale expérience », permettant de redécouvrir cet endroit du quotidien et s’achevant dans la Galerie Valois.

Dans le cadre de cette exposition, nous avons eu la chance de rencontrer l’artiste Piet Rodriguez et d’échanger avec lui :

Salut Piet, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?

Salut, je m’appelle Pierre Rodriguez aka « Piet Rodriguez » et je suis peintre/muraliste. Je vis depuis 20 ans à Bruxelles, ma ville de cœur. J’ai découvert la peinture à la fin de mes études de publicité, un peu par hasard, et c’est devenu ma passion.

Depuis combien de temps peins-tu et depuis combien de temps réalises-tu des fresques murales ?

Au bout de quelques années à perfectionner ma technique dans mon atelier, j’ai découvert via un collectif d’art urbain, la peinture sur mur. Cela fait donc maintenant 7 ans que je bosse sur toile et plus ou moins 5 ans sur les murs.

Qu’est ce qui t’inspire de manière générale ?

J’ai commencé par peindre des portraits puis des vanités pour ensuite aller vers des compositions « surréalistes ». C’est petit à petit que le sujet central de mes travaux est apparu, la statue. La statue que j’utilise, d’une part parce qu’elle est déjà porteuse d’histoires et d’autre part comme une masse à déstructurer (ou re-sculpter), une base sur laquelle je peux développer un sujet plus vaste. La matière est sans doute, d’un point de vue esthétique, ce qui m’a d’abord plu dans les sculptures : la manière dont la lumière glisse sur le marbre, se fracasse sur la pierre…

Comment en es-tu arrivé à participer au Projet Saato ?

C’est par hasard, en participant à un festival à Cergy que j’ai croisé l’organisateur du Projet Saato, qui m’a finalement contacté pour participer à l’Underground Effect. Le contact étant très bien passé, ils m’ont proposé par la suite de revenir dans la Galerie Valois dans le métro.

Qu’as-tu représenté sur ton mur ?

J’ai travaillé à partir d’une sculpture qui se trouve justement au Louvre : Philopœmen de David d’Angers, que j’ai eu la chance de voir en vrai lors de ce projet. La fresque est à 99% réalisée à l’acrylique avec un poil de waterbased.

Dans la vidéo récapitulative sur le site de Projet Saato, tu portes souvent un casque. Tu écoutais quoi comme genre de musique en travaillant ?

J’ai retrouvé mon vieil iPod avant de venir à Paris, ce qui m’a permis notamment de redécouvrir la musique des années 90 mais je ne me suis pas arrêté à ça. Le best off de Queen et quelques playlists hip hop sont toujours les bienvenus pour peindre !

Qu’est-ce que ça fait de peindre dans un couloir de métro ?

C’est assez exceptionnel de pouvoir peindre dans un couloir de métro en face du Louvre. Ce qui était avant tout impressionnant c’est que ce couloir nous a permis, d’une certaine façon, de voyager dans le temps. En effet, ce couloir n’a quasiment pas été retouché depuis les années 30. Les vitres courbées qui longent la galerie ne se fabriquent presque plus.

Tu bosses sur quelque chose en ce moment ?

Étant en plein confinement, comme la moitié du monde, je bosse sur toile, confiné à la maison en attendant de pouvoir ressortir. Donc les projets extérieurs devront attendre !

Piet Rodriguez
Piet Rodriguez (détail)

Projet Saato a également lancé le festival d’arts urbains « Confinés », visant à soutenir les hôpitaux tout au long de la crise sanitaire. Grâce à la participation de plus de deux cents artistes, 274 œuvres en petits formats ont été exposées virtuellement puis vendues sur son site internet. Ainsi, 87 715 euros ont été récoltés au profit des AP-HP. Un bel effort de solidarité !

Sources :

Projet Saato
Site internet
Facebook
Instagram

Piet Rodriguez
Facebook
Instagram

RATP

Photographies : Jonk