Jérôme Mesnager : 40 ans de Corps-blancs

La poésie des corps à son summum, l’érotisme à son pinacle, le frou-frou artistique à son faîte… tout l’édifice tient sur la poutre-maîtresse de la nostalgie et dans la dédicace au « peintre de la vitesse » Robert Malaval. Car le jour de son décès naissait les peintures de Jérôme Mesnager.

La présence du Corps-blanc sur les murs des maisons marque l’absence de ses habitants. Une empreinte qui n’a pas manqué de jalonner de manière indélébile, nos pérégrinations dans le Paris démembré et la Belleville rachetée par les promoteurs. Ses références fugaces, vont aux fantômes des lieux. Passage de la Duée enterrée, rue des Pavillons disparus ; rue du Transvaal amputé ; l’absence de ses habitants s’incarne dans les traits de cet anonyme. Personne n’est plus là que les silhouettes des habitants passés. Dépassés, rattrapés par la course au profit… Tout n’est plus qu’une inscription en creux, par le manque, toute référence est nostalgique puisque le présent s’efface au profit de la présence du passé. Je me souviens d’avoir tenté d’épuiser ces « espèces d’espaces » à l’instar de Georges Pérec, et d’avoir dû comme lui revoir mes ambitions, la ville avançait plus vite que nous. Restent quelques souvenirs épars et des photos à défaut d’être argentées au moins argentiques, comme réminiscences. L’artiste a guidé nos pas, des ruisseaux de Ménilmontant à la Grande muraille de Chine, nous a transporté, sur les devers et sur l’ubac de ces pentes, guidé au gré de ses Corps-blancs, comme autant d’étoiles accrochées au firmament des rues.