La couleur d’Hiroshima : Suiko (épisode 1)

Hiroshima (Japon) est une ville tristement connue. Néanmoins, il ne s’agit pas là de son unique visage. Celui qui nous intéresse aujourd’hui, c’est celui de l’art urbain qui fleurit en son sein. Et c’est à travers les œuvres de trois artistes japonais que nous allons en dresser un tableau, dans cette nouvelle série « La Couleur d’Hiroshima ».


Suiko, PROJECT NO. THA017, Centre d’expérience PwC, Tokyo, 2018

Le premier d’entre eux, Suiko est né dans la ville d’Oita et a grandi à Hiroshima. Son pseudo à la sonorité japonaise fonctionne aussi bien au féminin qu’au masculin et dérive de « suikyō » (caprice, lubie, excentricité). Il l’a choisi lorsqu’il étudiait encore les arts plastiques à l’Université Municipale d’Hiroshima, souhaitant déjà qu’il puisse fonctionner à l’international. Il a commencé à peindre « la vie » qui l’entourait très jeune en s’inspirant de son père, illustrateur pour enfants. Il était donc « naturel » pour lui de l’imiter.

Son intérêt pour le graffiti s’est développé dès le lycée, mais sa vie d’artiste de rue a débuté grâce au skate board. C’est en entrant en contact avec ce milieu qu’il a commencé à graffer les murs de sa ville et est finalement devenu l’une des figures incontournables du Street art japonais. Cependant, lors de notre échange, il a tenu à préciser : « nous ne venons pas -ses amis et lui- du Street art mais du graffiti ». Il ne se préoccupe que peu de ce que l’appellation Street art recèle, et graffe avant tout par passion. L’important, selon lui, ce n’est pas la question de légalité ou d’illégalité, mais l’attitude qu’il adopte.

Suiko, Israël, 2011

Sa carrière a décollé à partir de sa participation à l’exposition X-Color tenue à l’Art Tower Mito en 2005. Dès lors, il s’est vu invité dans le monde entier pour des expositions, des collaborations, des live painting… Et a été repéré par des marques d’envergure comme Walt Disney, Coca Cola ou encore Adidas ! C’est d’ailleurs de Walt Disney qu’est venue sa première grande commande, dans le cadre d’une exposition à Los Angeles et de la création de visuels pour la marque BLOC28 by Disney, aux alentours de 2007-2008. Après cette expérience, il a continué à collaborer avec diverses marques, réalisant des visuels pour des casquettes, des planches de skate, des baskets, des montres… Et a créé sa propre marque : Dimlight.

Ses œuvres s’apposent donc sur de nombreux supports, des murs aux objets, en passants par les toiles, permettant la large diffusion de son style. Sa manière de peindre se reconnait à travers l’utilisation de couleurs vives mélangeant harmonieusement différents éléments. Il s’agit souvent de formes globales, remplies de motifs variés : des lettrages, des formes géométriques, des animaux… Un style que l’on pourrait qualifier de complexe, coloré et puissant. Il précise que : « Le graffiti, ce n’est pas dessiner une image, mais la bourdonner ».

Suiko, GenkiDama (EnergyBall), Nepal, 2016

Son objectif n’est pas de réaliser des œuvres exclusivement esthétiques, mais des créations débordantes d’émotion : « J’ai la volonté d’impacter le cœur des gens en bombardant mes œuvres dans les rues, voire même de changer la vie de ces personnes ». Et c’est dans cette optique que Suiko, après avoir commencé à travailler sur des murs de taille réduite, vise à peindre sur des supports toujours plus grands et ne s’impose aucune limite. C’est ce qui, selon lui, différencie son travail d’œuvres ordinaires.

Suiko, Super Strike, Grenoble, 2018

Suiko prend également un plaisir certain à mixer derrière ses platines, une pratique dans laquelle il est moins connu, mais qu’il est heureux de partager.

« Yellow Tips », mixé par Suiko.

Suiko est un artiste très ouvert d’esprit, toujours prêts à partager et échanger. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à consulter son Instagram et son site web :

Site web & Intagram

Sources :

http://suiko1.com/ https://www.instagram.com/suiko1/?hl=fr https://www.streetartfest.org/oeuvres/chemin-de-jesus-suiko/ https://www.streetartfest.org/artiste/suiko/

Louane Guillemard