{Street art à Séville} – L’atelier AHE, le nouvel espace dédié à l’art (épisode 3)

Áhê, m. Pl. 1. Plural de Áhe
Áhe (« Tener ») 1. Dícese en Andalucía de lo que tiene una combinación de gracia, simpatía, ingenio, arte y duende.

Áhê, m. Pl. 1. Pluriel de Áhe
Áhe (« Avoir ») 1. Se dit, dans la région de l’Andalousie, d’un mélange de grâce, de sympathie, d’esprit, d’art et de charme.


Au détour de la Calle Sol, en plein centre de Séville près de l’Alameda, une peinture pas comme les autres se détache d’un mur blanc : des formes géométriques abstraites aux couleurs sévillanes contrastent avec les icônes de la Vierge ou du Christ qui jonchent les rues de la ville, les églises et les monastères. L’artiste Spogo a modernisé la façade l’atelier Ahe. Depuis deux ans, le collectif Ahe Taller, composé de quatre artistes urbains et contemporains – Zesar Bahamonte (qui a participé à la première édition du festival Caps Attack à Cergy), Drili, Pablo Martinez Conradi et Fogata Fatua – apportent un souffle nouveau à la scène artistique de Séville, dominée par le style baroque du XVIIIème siècle.

Un espace ouvert à la création

« L’échange artistique est au cœur de notre projet d’atelier »

Zesar Bahamonte

Du jaune, du vert, du rose et du bleu. Les sérigraphies aux couleurs criardes signées Drili, accrochées sur les hauts murs blancs de l’atelier, interpellent le visiteur. Des aplats de formes et de couleurs, des pinceaux et de la peinture étalés sur les tréteaux de bois laissent deviner les prémices d’une recherche picturale, d’un projet en préparation. Depuis 2018, l’atelier Ahe à Séville offre un espace de travail aux artistes locaux et accueille aussi des artistes étrangers en résidence. « L’origine de l’atelier vient d’une amitié entre graffeurs venus d’Uruguay, du Chili, d’Equateur et d’autres villes espagnoles comme Barcelone », explique Zesar Bahamonte, artiste urbain sévillan à qui l’on doit la devanture du célèbre bar La Sra. Pop, où vibrent jams sessions, nuits jazz et blues ou encore improvisations théâtrales. « L’atelier fonctionne comme un espace de coworking, précise-t-il. Les artistes l’utilisent quand ils le souhaitent pour faire mûrir leur projet. Plus encore, on offre aux artistes des possibilités de création, avec la rénovation de notre façade, par exemple. »

La Sra. Pop, devanture par Zesar Bahamonte

L’année dernière, l’artiste Spogo a été le premier artiste à repeindre la devanture de l’atelier aux couleurs de Séville, lors de sa résidence artistique « FUGAH », en septembre 2019. Pendant une semaine, Spogo a élaboré son projet « Exploracion Visual », où il a recueilli le matériel graphique nécessaire à partir de son exploration de Séville. Photographies, notes et dessins de la ville ont nourri son projet de résidence.

Résidence « FUGAH » Spogo – © Ahe Taller

Ensuite, deux jours ont été consacrés à la présentation publique de son oeuvre ainsi qu’au live painting sur la façade. Cette résidence a ainsi permis à l’artiste Spogo de faire évoluer sa recherche artistique et en même temps de proposer à la ville une nouvelle forme d’art. « Artistiquement parlant, Séville s’est arrêtée XVIIIème siècle », évoque Drili. Zesar poursuit en précisant que la façade de l’atelier a été peinte selon le « code couleurs » de Séville « pour ne pas que l’oeuvre soit perçue comme une dégradation du centre historique » : du rouge, du orange, du jaune et du gris.

Live painting Spogo – © Ahe Taller

Promouvoir des activités artistiques

A l’heure actuelle, le collectif Ahe entame les démarches pour devenir une association. « Les aides financières de la ville pourraient nous permettre d’organiser aussi des activités et des événements hors les murs pour promouvoir l’art urbain et contemporain à Séville », évoque Zesar.

Le collectif organise déjà des petits événements au sein de l’atelier, comme des « jam dibujo » (sessions libres de dessin) ou bien des sessions musicales dans l’obscurité. « Nous avons organisé NEGRO, notre session musicale dans l’obscurité, l’hiver dernier. Les participants s’allongent sur les canapés et à travers des enregistrements de voyage, une sélection de batterie, de voix et d’autotune, on entre peu à peu dans une sorte de transe », raconte Zesar.

« Séville est une ville d’opportunités »

Zesar Bahamonte

Ainsi, le collectif AHE tente de promouvoir des formes d’art variées et expérimentales. « Séville est une ville d’opportunités, confie Zesar, enthousiaste. C’est une ville qui possède un solide bagage culturel, mais elle paraît en retard par rapport à d’autres villes d’Espagne. Il faut des nouveaux projets en matière d’art urbain et contemporain. »

Cette année, l’atelier AHE organise l’exposition de deux artistes argentins, Rodrigo Acra et Ice. Au mois de mai, Antoniotone, un artiste de Valence, sera en résidence à l’atelier pour travailler sur une nouvelle exposition en collaboration avec Drili. Il s’agira d’élaborer des nouveaux concepts sur le graffiti, la ville et la lumière.


Suivre Ahe Taller :

Instagram : @ahetaller

Je remercie infiniment Zesar Bahamonte et Drili de m’avoir accueillie dans leur atelier. Merci pour leur générosité, pour leur sourire et leur motivation, merci d’avoir rendu mon expérience à Séville aussi riche et magique.