Rencontre avec Eklor. Peace, Unity, Love & Having Fun!

Pourquoi ce blaze ?

Quand j’ai commencé à m’intéresser au milieu du graffiti et à tracer mes premieres lettres sur papier, je posais « Eliom » car ca reprenait des lettres de mon prénom et c’était mon avatar aux débuts d’internet. Quand je suis passé au mur j’ai voulu prendre un nom spécifique pour le graffiti, Eklor était une combinaison de lettres qui me plaisait et le sens du mot collait bien avec ce nouveau départ.

Ya t-il un lien entre ton blaze et tes graffs ? Comme quelque chose qui évolue ?

Le sens de mon blaze peut être lié à mes débuts, mais je ne sais pas si on peu dire qu’il y a un lien aujourd’hui entre ce que je peins et le sens du blaze.
Par contre c’est vrais que je n’ai jamais trop aimé stagner dans ce que je fait donc j’essaye (comme beaucoup) de nouvelles choses assez souvent, parfois c’est une réussite parfois c’est une mauvaise piste mais au final tout est un pas en avant et donc une évolution.

Depuis quand tu graff ? Et d’où t’es venue l’idée ?

J’ai commencé à m’intéresser au Graffiti fin 90, je pense en 97, quand ma mère a eu l’étrange idée d’aller à la découverte de la Rohdia, une vieille usine désaffectée depuis des années. C’était mon premier contact avec le graffiti. Depuis ce jour j’ai commencé à tracer des lettres parmi mes dessins.
Mon passage à la spray s’est fait un peu plus tard en revanche, car à 14 ans on a déménagé à Dakar au Sénégal, et autant dire que début 2000, le graffiti et les spray était plutôt rare là bas.
Quand je suis revenu étudier en France j’ai fait la rencontre de Kemo (KF) et Pelouse(SK) des types qui était à fond dans le graffiti, chacun à leur manière. Kemo était un sketcheur acharné, et Pelouse un vandal actif. Je pense que je dois beaucoup à ces 2 potes de m’avoir aidé à franchi le pas vers les murs.

C’est quoi ton parcours en lien ou pas avec le graff ?

Pour faire le lien justement, j’ai rencontré ces 2 potes de graff dans mes études de Graphisme. On en a passé des soirées à sketcher en écoutant du hip hop dans une piaule de Crous. En 2006 j’ai bougé à Paris pour trouver un taf en Agence de com. Là haut, période un peu à vide avec le graffiti, j’était investit dans une relation amoureuse fusionnelle, qui a d’ailleurs explosé violemment. J’ai quitté Paris pour aller vivre à Londres, améliorer mon anglais dans le but de faire un road trip. Cette période Londonienne était bien productive en graffiti, car j’avais quasiment que ça à faire :). Après mon road trip en Europe j’ai passé 6 mois à Berlin, ville recouverte de Graffiti, mais comme c’était un hiver super enneigé et froid, j’ai quasiment pas peins.
En 2013 je suis venu m’installer à Amsterdam, qui depuis est ma ville d’adoption. Ici j’essaye de peindre régulièrement même si la météo n’est pas toujours propice à la peinture extérieure.


Pourquoi tu graff ? tu veux faire passer un message ?

Non je pense pas, le graffiti j’y suis entré parce que j’aime dessiner et la culture hiphop. J’ai jamais eu la rage ou l’envie d’aller dépouiller les rues ou les voies ferrées, pour faire passer un message de rébellion ou autre. Ma relation avec le graffiti passe par la création, même si je respecte et admire ce que font beaucoup dans le graffiti illégal, j’en ai fait aussi mais ça n’a jamais été un truc qui m’a fait kiffé au point de m’y investir plus que ça.
Et dans mon graffiti créatif, je ne pense pas qu’il y ai de message fort qui ressorte, juste un travail sur le dynamisme tant sur la structure des lettres que sur l’usage des couleurs et des textures.


Tes inspirations ? Tes références ?

Oulah, la liste est très longue. Mes inspirations personnelles peuvent se trouver dans tout et importe quoi, de la musique au design graphique en passant par un truc que j’aurais vu dans la rue. C’est difficile de résumer mais je pense que tout est propice à une inspiration pour créer. C’est pareil pour tous le monde, la majeure partie de ce que l’on voit on le mémorise et personnellement j’ai beaucoup de références dans le graffiti tant chez les anciens que certains nouveaux, car mon fil d’actualité est évidemment truffé de pépites de graffeurs et d’autres artistes, je prends des claques chaque jour et bien sûr ca forge une inspiration.
A mes débuts je scotchais sur les wild style d’un crew parisien les GT, en particulier Satur aka Turs, et aussi Pro (toujours actif). La liste des graffeurs actuels que je kiffe est beaucoup trop longue… Bon d’abord Big up à mon bro Wyker qui sait toujours me surprendre avec ces lettres ou ses associations de couleurs. Après dans le désordre il y a les crews 123Klan, LoveLetters, GhettoFarceur (Neist, Debza, Bims), ODV (Astro, Omouck, Shane) , ZNC (Asmoe,Tacos), The Bullshitters (Dashe, Weal, Rekor), et la liste continue…

Tu es axé sur le lettrage, pourquoi ?

Voilà une question qui trouvera réponse dans la suivante 🙂

Tu penses quoi du “street art” aujourd’hui ?

Alors on attaque le sujet sensible. J’aimerais d’abord revenir sur la question précédente, pour préciser que oui je suis axé sur le lettrage car je fait du Graffiti, et je suis surpris de devoir vous l’apprendre mais le lettrage c’est la base de ce mouvement.
Et c’est ce qui fait un énorme débat depuis que le terme « Street Art » à commencé à être utilisé. Car les gens l’utilisent pour regrouper tout ce qui se passe dans la rue y compris le Graffiti mais il y a pas mal de graffeurs puristes qui ne jure que par mettre leur blaze le plus souvent, sur le plus de supports illégaux possibles et considèrent tout le reste comme futile et auquel il ne veulent pas être associés.
Le street-art au sens ou je l’entend, c’est tout action artistique dans la rue et qui n’est pas issu de la culture hiphop, sinon c’est du Graffiti. Certains personnages et scène peintes tombent donc sous le mouvement Graffiti car elles sont réalisées par des acteurs de ce milieux. Personnellement une fois cette distinction faite, qui relève simplement de la classification correcte des mouvements, je pense que la popularisation de la création de rue que ce soit dans le Street-Art ou le Graffiti est une bonne chose. Il y a une certaine guerre éternelle entre Graffiti puristes et Street-Artistes, en soit ca créé une émulation positives mais souvent le respect est oublié. Autrefois on ne repassait pas des
productions faites par des anciens ou si on était pas capable de faire mieux. Aujourd’hui je trouve que le respect des autres dans la rue ou en terrain s’est perdu (et sur le net j’en parle pas).
Aussi je déplore que le Graffiti, qui finalement était bien plus présent à l’origine de l’art de rue, soit moins médiatisé et plus stigmatisé que le Street-Art. Beaucoup de Street artistes issu de la mouvance actuelle surfent sur des concepts simples et vendeurs, pour se créer un nom et une visibilité, que d’autres artistes bien plus talentueux dans le milieu du Graffiti mériteraient, ce qui crée évidemment une jalousie, mais aussi participe à diffuser de l’art aseptisé plutôt qu’original et fruit d’un dur labeur.

Beaucoup d’oeuvres de toi à Bordeaux ? Où sont- elle ?

Malheureusement non, je n’ai peins à Bordeaux qu’à 2 occasions pour les Shake well 2016 et 2017. Et je pense que le mur de 2016, partagé avec Yelow et Wyker, « Pug life » : 3 graffiti wild styles et 3 têtes de chiens, rue du Sénégal sur les anciens bâtiment de l’usine Lesieur a été démoli. Donc il ne reste qu’une production à la caserne Niel, un mur partagé avec Nori, Horor, 2flui, Xkuz et Wyker.


Tu fais un lien entre la photographie et tes graff ? (Oui on a vu que tu aimais la photo)

J’ai toujours eu un lien fort avec la photographie car je suis issu d’une famille de photographes. Bien que je soit loin d’être un pro, j’ai une certaine sensibilité en la matière. Le lien avec le graffiti ne se fait pas énormément, même si il m’est arrivé de travailler certaines productions autour de concept photographique comme la double exposition.

Une anecdote à nous faire partager ?
Pas vraiment d’anecdote personnelle récente, alors pour combler j’invite les lecteurs de cette interview, qui sont normalement intéressé par l’art de rue, à bien faire la distinction entre le Graffiti (branche graphique du mouvement hiphop) et le Street-art; à éviter de regrouper les 2 dans un fourre-tout, et si c’est pas déjà le cas, à se renseigner plus sur l’histoire du Graffiti (via des films comme « WildStyle » ou « Writers 20 ans de graffiti a paris »), ainsi que sur ses acteurs actuels.

Peace, Unity, Love & Having fun! – Africa Bambaataa – Eklor

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