5 rappeurs à découvrir sur Revenge of the Dreamers 3

Une nouvelle rubrique voit le jour chez Urban Art Paris ! Tous les mois, retrouvez « L’écho urbain ». Au programme, un article sur la culture urbaine hors street art : rap, danse, streetwear et beaucoup d’autres sujets. Notre ambition : vous faire découvrir ce qui se passe dans les autres disciplines de la street culture.

La compilation Revenge of the Dreamers 3

Pour commencer, plongeons-nous dans la compilation Revenge of the Dreamers 3 (ROTD 3), projet orchestré par le label Dreamville et le rappeur américain J. Cole. Ce dernier est devenu une véritable star actuelle du rap : pour preuve, son dernier album « KOD » sorti en avril 2018 a pulvérisé plusieurs records sur les plateformes de streaming (avant d’être notamment rattrapé par « Scorpion » de Drake pendant l’été).

Faisant suite à deux volets sortis en 2014 et 2015, ce nouveau volume cherche avant tout à mettre en avant les nombreux artistes du label. On retrouve évidemment J. Cole, mais également d’autres signatures plus ou moins récentes comme Bas, Cozz, Omen, Ari Lennox, J.I.D ou encore Earthgang. Si ces noms ne vous sont pas (encore !) familiers, on vous incite très fortement à suivre tous ces artistes – certains ayant déjà percé comme J.I.D avec son projet « DiCaprio 2 » sorti en novembre 2018.

Après une année 2018 pleine de featurings très réussis pour J. Cole, pléthore d’artistes et producteurs ont été invités à participer aux sessions d’enregistrement de ROTD3 tenues à Atlanta entre les 6 et 16 janvier 2019. Parmi les plus en vogue, on peut citer Lil Baby, Meek Mill, T.I., ou encore DJ Khaled. L’ambition de Dreamville et J.Cole est assumée : suivre les pas du label Top Dawg Entertainment de Kendrick Lamar (Jay Rock, SZA, SchoolBoy Q) et devenir le nouveau label de référence.

A la découverte d’artistes méconnus en France

Aujourd’hui, vous allez découvrir 5 artistes beaucoup moins médiatisés (pour l’instant) mais au talent certain. Leur point commun : ils ont tous participé aux fameuses sessions d’enregistrement. Cerise sur le gâteau, trois d’entre eux seront en concert à Paris dans les semaines à venir ! Sans plus tarder, voici des portraits d’Earthgang, Smino, Saba, Buddy et Bas.

Earthgang

Composé des rappeurs Johnny Venus et Doctur Dot , Earthgang est un duo en provenance de cette place forte du rap qu’est Atlanta. Actifs depuis 2009, ils ont sorti de nombreux EP et albums/mixtapes dont l’acclamé « Stray for Rabies » en 2015 avant de signer en 2017 chez Dreamville. Cela a permis au groupe de sortir plusieurs projets comme « Rags », « Robots » ou le dernier en date « Royalty ». Leur premier album sur le label devrait arriver en cours d’année 2019 et est très attendu.

Contrairement à la majorité de la scène d’Atlanta – mise actuellement en avant avec Migos, Future, Young Thug ou encore Lil Baby et Gunna – Earthgang ne puise pas ses inspirations dans la trap. Ils revendiquent davantage l’héritage de groupes comme Outkast ou The Pharcyde et incorporent fréquemment des samples. On y retrouve également des boucles de cuivres, de claviers ou même de guitare discrète comme sur « LOLSMH ». Chez Earthgang, pas de triplets de flows chers à Offset ou Takeoff (entre autres), mais un delivery fluide et jamais haché, et même parfois des passages chantés.

Et pour notre plus grand bonheur, ils débarquent en France pour leur tournée européenne. Vous pourrez les retrouver à La Place le 19 février en attendant leur premier album !

Un morceau à retenir

« Meditate » en featuring avec J.I.D, extrait de « Rags » sorti en 2017

Smino

Smino est un rappeur en provenance de Saint-Louis aux Etats-Unis. Après des mixtapes confidentielles sorties en 2012 et 2013, il déménage à Chicago. Il devient alors l’un des fondateurs du collectif Zero Fatigue, composé du producteur Monte Booker et de trois autres artistes dont l’excellente chanteuse de R&B Ravyn Lenae. Smino sort deux EP en 2015, l’année de la révélation. Il enchaîne ensuite avec deux albums respectivements sortis en 2017 (« blkjuptr ») et 2018 (« NOIR »).

Smino est actuellement un de mes rappeurs fétiches, tant son style est particulier et se distingue du reste de la scène américaine. Il oscille entre le chant et le rap, le tout avec une musicalité certaine. On ne sait jamais à quoi s’attendre sur un album de Smino, entre morceaux aux ambiances sombres comme son duo avec Valee sur « KRUSHED ICE » et titres (faussement) légers comme « Anita ». Et comment ne pas parler de cet accent si particulier, qui sème parfois la confusion même chez les auditeurs américains aguerris. En somme, il faut écouter Smino en 2019 et dans les années à venir.

Un morceau à retenir

« Anita » de Smino, extrait de « blkjuptr » sorti en 2017

Saba

Saba est un jeune rappeur de 24 ans issu de la scène de Chicago (comme Smino, les deux ayant teasé un album commun avec Noname pour 2019). Il s’est d’abord révélé au public en tant que collaborateur de Chance the Rapper sur le morceau « Angels » en 2015. Par la suite, il a sorti deux albums en indépendant. Le premier s’intitule « Bucket List Project » (sorti en 2016) et le second, « CARE FOR ME » (sorti en 2018), a montré toutes ses qualités de lyricistes.

Ce dernier opus a exposé toute l’évolution de l’artiste et l’impact des événements personnels sur sa musique. De nouveau auto-produit, cet album traite de thèmes difficiles comme la mort, l’absence ou la solitude. Comme chez Smino, les productions s’éloignent des hits traditionnels actuels : une atmosphère envoûtante se dégage de la majorité des morceaux. Mais ici, pas de rapport avec la drogue ! Le rappeur déroule son texte et son propos avec précision et efficacité, en toute tranquilité. On peut noter certaines similarités avec un autre rappeur de Chicago, Mick Jenkins, de par la dimensions jazz présente dans la musique de Saba.

Comme pour Earthgang, vous pourrez découvrir son talent très bientôt à Paris. Il sera en concert à la Maroquinerie le 27 février prochain !

Un morceau à retenir

« LIFE » de Saba, extrait de « CARE FOR ME » sorti en 2018

Buddy

Pour le quatrième rappeur de cette sélection, direction la côte ouest et plus précisément Compton, ville emblématique du rap avec ses N.W.A., Tupac ou Kendrick Lamar. A peine âgé de 15 ans, Buddy se fait repérer par Pharell Williams. Le mythique producteur le prend sous son aile et une première mixtape intitulée « Idle Time » voit le jour en 2014 avec d’impressionnants featurings. On y retrouve par exemple Kendrick Lamar ou Miley Cyrus sur des productions de Pharell, Boi-1da ou Cardo. Cependant, la suite ne sera pas évidente pour le jeune rappeur, dont les apparitions se raréfient. On le retrouve majoritairement sur des featurings entre 2015 et 2017, avec par exemple Nipsey Hussle ou A$AP Rocky. En 2017, il sort deux EP, « Magnolia » et « Ocean & Montana », preuves d’un nouvel élan dans sa carrière, aux côtés notamment du producteur Kaytranada.

Et en 2018, Buddy livre enfin son premier album, « Harlan & Alondra », un de mes projets favoris de l’année dernière. On y retrouve (ou découvre) tout ce qui fait le talent de cet artiste : une technique de rap irréprochable, mais également une aptitude à chanter indéniable. Ses textes transpirent le vécu dans son quartier de Compton et les difficultés pour s’en sortir. Il pose un regard sans glorification, ni fascination, mais toujours juste et précis, tout en aspirant au succès et à la richesse. Musicalement, Buddy sait tout faire grâce notamment à son flow nonchalant mais efficace, en posant aussi bien sur des productions modernes (« Trippin ») que sur des instrus plus funk typiques de la West Coast (« The Blue »). Enfin, les collaborations avec Ty Dolla $ign, Snoop Dogg ou encore Khalid sur le projet prouvent que ses capacités sont reconnues de tous. On attend la suite avec impatience !

Un morceau à retenir

« Trouble on Central » de Buddy, extrait de « Harlan & Alondra » sorti en 2018

Bas

Dernier rappeur de cet article, on retourne sur la côte Est, dans le Queens, autre terre fertile de rap. Bas a aujourd’hui 31 ans mais il s’est lancé plus tard que la plupart des artistes précédemment mentionnés. Sauf que tout est allé assez vite pour lui. D’abord, deux premières mixtapes sorties par ses propres moyens en 2011 et 2013 (« Quarter Water Raised », volumes 1 et 2). Puis J. Cole l’enrôle sur son album « Born Sinner » où Bas pose avec 50 Cent sur « New York Times ». Il devient ensuite dès 2014 la première signature du label Dreamville, tout juste lancé par Interscope et J. Cole. S’ensuivent deux albums, « Last Winter » (2014) et « Too High to Riot » (2016), succès d’estime avec des places dans le classement Billboard 200.

Mais c’est en 2018 que Bas franchit un nouveau cap avec son troisième album, « Milky Way ». Comme chez les autres rappeurs de cet article, sa technique est irréprochable avec un flow maîtrisé. Il est capable de s’adapter à toutes les différents styles adoptés sur cet album, que l’influence soit brésilienne (« Boca Raton ») ou plus classique (la boucle de piano sur « Barack Obama Special », un plaisir). On y retrouve quelques tentatives, toutes plutôt réussies, comme par exemple « Sanufa » avec sa production up-tempo, à la manière d’un Kaytranada. En somme, un album d’excellente facture pour celui qui aspire à devenir pour J. Cole ce qu’est Jay Rock à Kendrick Lamar, un lieutenant fiable et capable de fulgurances.

En prime, Bas est de retour à Paris ! Après sa venue à la Maroquinerie en 2016, il sera en concert à la Bellevilloise le 11 mars prochain.

Un morceau à retenir

« Boca Raton » de Bas en featuring avec A$AP Ferg, extrait de « Milky Way » sorti en 2018