Mi-novembre, peu avant que la nuit tombe, nous prenons la route. Au bout d’une vingtaine de minute, au détour d’une départementale, la vue de quelques rochers tagués sur le bas-côté, vient attiser notre curiosité.
A l’abri des regards, deux chemins s’offrent à nous : une légère montée ou des escaliers assez raides, nous optons pour la montée douce. Celle-ci nous conduit aux porte d’un domaine, à la façade colorée, qui apparaît malgré la pénombre qui s’installe et l’épaisseur de la forêt.
Après que nous ayons arpenté les alentours de la bâtisse, nous franchissons l’entrée principale. Nous pénétrons dans un couloirs aux murs délabrés, pourtant mis en relief par les œuvres exposées. Au fil de notre découverte, nous atterrissons dans une cour intérieure.
Nous continuons la visite, les fenêtres ont disparu, et la végétation s’est emparée des lieux. Dans une pièce adjacente, des meubles sont encore présents, comme si le temps s’y était arrêté.
Au cœur de ce lieu presque oublié, les œuvres présentent permettent de rendre compte d’une deuxième vies s’offrant à lui. Une vaste palette de graffitis, colorés, en noirs et blancs, typographiques ou encore d’installations s’exposent et s’imposent à notre regard.
Ancienne maison de retraite située dans la périphérie de Toulouse, cette bâtisse servait initialement d’unité d’hospitalisation pour le dépistage du cancer. Abandonnée depuis la fin des années 70, elle est peu à peu devenu un des repères de nombreux artistes d’art urbain.
Aujourd’hui, il s’agit d’un lieu propice à la pratique de l’exploration urbaine (urbex : mot traduit de l’anglais urban exploration), activité arrivée en France dans le même temps que le graffiti, dans les années 1980.
Cette pratique se caractérise par la découverte de lieux abandonnés, illégaux, souvent construit par l’homme, pour occuper diverses missions, mais laissés à l’abandon par la suite (ou détenu par un propriétaire et fermé au public).
L’urbex peut être vu comme une pratique de transition urbaine dans le sens ou cela permet de s’approprier, ou de se réapproprier une place dans l’objectif d’en faire une toile vivante, évolutive. Ce même lieu aura connu un second souffle et ce, par le biais des artistes qui se l’accapare.
L’artiste ou l’explorateur arpentent des lieux interdits au public ou difficile d’accès, une pratique vectrice d’adrénaline et de sentiment de liberté.
La pratique de l’urbex tend à former une communauté, empruntant des codes au graffiti. Les artistes la pratique en respectant des règles élémentaires comme le respect des lieux, de ses œuvres, la discrétion quant à la position de ces toiles vivantes, le côté potentiellement dangereux et les précautions qui vont avec.
Malgré la récente popularisation de ce terme, il est important de conserver son essence première, afin de perpétuer la pensée urbex et le respect de ces lieux.
Écrit par Jane Vinot et Laura Ribes