Tes visages sortent de l’ordinaire avec leurs coups de pinceaux apparents, comment t’es- tu mise à la peinture ?
J’ai plongé dans cet univers depuis mon enfance avec une mère artiste et un père qui promeut son art. Et il faut dire que l’école n’étant pas faite pour moi, je l’ai quittée dès mes 15 ans pour ouvrir un an plus tard ma première galerie. Et puis, j’ai fini par passer de l’autre côté depuis quatre ans.
Tu peins essentiellement des portraits de femmes, d’où vient ce choix ?
J’ai eu la chance de beaucoup voyager en Asie : Thaïlande, Malaisie, Singapour. J’en ai profité pour faire beaucoup de photographies. (Sourires) Je volais des clichés en prenant les gens à leur insu. J’ai commencé à mélanger les portraits de ces femmes de différentes ethnies. Je prends le foulard de l’une, les yeux de l’autre et aussi un peu de moi. Je suis passionnée par la femme depuis mes treize ans.
Galeriste, photographe et maintenant peintre. Comment s’est passée la transition ?
Je dessinais comme tout le monde sur mes cahiers mais je m’étais toujours dit que je ne ferai jamais comme ma mère et surtout pas de peinture. Puis j’ai dessiné ces portraits, je les ai mis en couleurs. Au bout d’un an, j’étais autonome et j’ai posé mon premier collage au Panier (quartier de Marseille).
Pourquoi ne le fais-tu pas directement sur les murs ?
J’aime l’intimité qu’offre l’atelier. Je prends le temps de choisir les couleurs, de prendre du recul. Personne ne me dicte comment je dois faire. Après pendant que je colle, j’aime le contact avec le public pour les belles rencontres qui en découlent.
Quel message souhaites-tu passer avec tes collages ?
Je n’ai pas de concept. Souvent le fond est plus important que la forme en art contemporain mais parfois peindre juste pour le plaisir de partager un certain esthétisme est plaisant. J’aime le sourire que j’offre aux gens. Après je reconnais que je cache des mots, des poèmes qui me tiennent à cœur et je laisse le public les deviner.
Arrives-tu à vivre de ton art ou continues-tu ta carrière de galeriste ?
Je vends de moins en moins pour me consacrer à cette carrière artistique. J’écris également en parallèle et prépare un livre. Je suis novice dans le milieu mais je me rends compte que cette voie me plait et que je souhaite participer à la mise en avant de ce mouvement.
Et vu que tu es une jeune femme pleine d’énergie, comment fais-tu pour aider ce mouvement ?
J’organise pour la deuxième fois un festival « Keep it glue » au cours Julien, à Marseille. Je trouve que les colleurs ne sont pas assez représentés alors j’ai choisi d’en réunir plusieurs comme le photographe Damien Colomban, Madame, Melle Gee, Mahn Kloix pour ne citer qu’eux. Nous y sommes jusqu’au 23 avril. Je souhaite vraiment toucher les gens et partager mes couleurs avec eux.
Et pour finir pourquoi ce pseudo ?
J’ai mélangé le prénom de mon premier amour avec mon prénom, Marie-Lou que j’écrivais avec un -y. J’avais à l’époque 13 ans. Et depuis c’est devenu mon blaze, Manyoly.